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Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

FIN DES CONTRATS AIDÉS « C’EST ULTRA-VIOLENT ! »

Michael, un Mulhousien de 47 ans dont le contrat aidé à la radio MNE n’a pas été renouvelé et qui se retrouve au chômage, témoigne.

(article d’Annick Woehl paru dans le journal L’Alsace le 19 octobre 2017 • http://c.lalsace.fr/haut-rhin/2017/10/19/c-est-ultra-violent)

Le marathon radiophonique en 2015, une des animations organisée par la radio MNE de Mulhouse.Archives L’Alsace/ Darek Szuster



À 47 ans, Michael est à nouveau au chômage depuis le 15 septembre dernier. C’est une des « victimes » de la suppression des contrats aidés par le gouvernement. Victime car Michael qualifie cette réforme de « criminelle ». Sa vie semblait ne tenir qu’à un fil – un poste à la radio MNE à Mulhouse décroché il y a deux ans – et ce fil a été coupé. Le renouvellement de son contrat a été refusé.

Le CV de Michael « part dans tous les sens » , signe peut-être d’une « instabilité » , concède-t-il. Signe des temps surtout, selon lui : «  Je n’ai pas connu la société de plein-emploi. » Il débute sa trajectoire professionnelle comme manager d’un groupe de rock à Mulhouse. Un premier contrat aidé. Au bout d’un an, il arrête et devient commercial : « Je voulais apprendre le métier et financièrement, ça m’arrangeait bien. » Il travaille cinq ans pour France Loisirs, puis c’est à nouveau le chômage. Jusqu’à être embauché pour un an par la ville de Mulhouse comme coordinateur d’animations culturelles.

« Servir à quelque chose »

Michael interrompt la liste… : « J’ai fait plein de petits trucs, l’usine, Ricoh à Wettolsheim, même L’Alsace comme assistant commercial. Je n’ai pas eu la chance de faire des études et d’avoir un parcours tout tracé. Mais c’est générationnel aussi. Je suis de la génération du travail à la carte où on t’embauche et on te jette en fonction des carnets de commandes… »

« C’est très mal tombé pour moi » , poursuit Michael qui cumule les galères. Il raconte la baisse brutale de ses allocations logement (d’environ 200 €), il y a quelques mois et une erreur de la Caf à laquelle il a dû rembourser 800 € d’aides indûment perçues. Aujourd’hui, avec 540 € d’Assedic et 50 € d’allocation logement, il n’arrive évidemment plus à payer son loyer de 500 € pour un trois-pièces qui lui permet d’accueillir ses deux enfants un week-end sur deux et la moitié des vacances. « Je donne ce que je peux à mon propriétaire. Je me retrouve avec 3 000 € de loyers en retard, plus de boulot et des problèmes avec mes parents de 90 ans qui doivent quitter leur logement car leur propriétaire veut le récupérer… »

S’il admet que « le travail précaire n’avance pas à grand-chose » , il ajoute que « le supprimer sans le remplacer par autre chose est ultra-violent ! Déjà vous n’avez pas grand-chose et on vous enlève tout. » Michael précise que ce n’est pas seulement pour les 680 € qu’il touchait : « Un travail, c’est se lever le matin, avoir l’impression de servir à quelque chose, avoir une vie sociale. Quand vous ne bossez pas, vous êtes isolé, enfermé chez vous comme un idiot. »

Hier matin, il avait un entretien pour un nouvel emploi. Un poste qu’il espérait bien obtenir même si ce n’est qu’un mi-temps. « Il faut que je me sorte de mes emmerdes sinon je risque de perdre mes enfants. Je sais que je peux me retrouver à la rue… »

A. W.

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