L’Arsenal a fait sa loi, malgré la pluie, vendredi soir. Les concerts ont dû être abrités, ou rapatriés dans les cafés. L’exposition à la chapelle Saint-Jean est un succès.
La pluie, qui est tombée par intermittence vendredi soir, a quelque peu entamé l’enthousiasme des Mulhousiens pour les festivités de L’Arsenal fait sa loi. Clairsemée en début de soirée, la foule s’est peu à peu étoffée vers 23 h. Les festivités ont commencé par le vernissage de l’exposition de la chapelle Saint-Jean, organisée par Arts media production. Un début en fanfare, avec l’inauguration de la statue équestre du dictateur de l’île virtuelle de Zanzib-R. Les artistes Nicolas Roué, président du collectif Cobweb, et Jean Wollenschneider, jouent avec les attributs populistes du pouvoir, qui ne sont pas absents des pays les plus démocratiques.
Zanzib-R provoque les institutions
« On repense la cité et les institutions. C’est notre travail sur l’île virtuelle de Zanzib-R. org. Ce site, c’est notre base arrière, pour mettre en place des installations artistiques participatives », explique Jean Wollenschneider. Ainsi ces artistes proposent-ils des oeuvres que chacun est invité à enrichir par le son, le texte ou l’image. Un côté ludique que l’on retrouve dans les statues mécaniques de Nicolas Roué et Sylva von Schrei : « Ces statues ne s’animent qu’en présence du spectateur. L’oeuvre ne s’accomplit qu’en sa présence. » C’est le cas de la statue équestre et de M. Babybel — baptisée ainsi vendredi soir — qui ne bougent que si l’on passe devant. Frédéric Weigel joue sur « l’imaginaire de codification » : confronté à une oeuvre d’art, tout spectateur a une idée préconçue des canons qui la gouvernent. « Je peins les sujets de mes portraits à l’envers, puis je retourne la toile. On a l’impression d’être face à un portrait classique, mais j’en ai modifié les codes. » L’exposition présente aussi des photographies de Sébastien Litique, de Cobweb, qui travaille sur les styles de vie traditionnels. Christelle Gonsalves peint la puissance animale des vaches, au contraire de la tradition picturale. « Dans les scènes de la vie paysanne, les vaches ne sont qu’un motif. J’ai voulu aller au-delà de cette représentation. » Les concerts étaient initialement prévus sur la petite scène : la pluie en a décidé autrement. Le collectif Old School, organisateur de cette manifestation, a heureusement pu convaincre le bar Le Greffier d’accueillir les musiciens. Petit espace mais chaude ambiance pour Human Tanga (garage rock’n’roll) et Le Clandestin, qui a fait voyager le public « de Paris à Strasbourg ». Place de la Concorde, la chanson festive de Caracole a malheureusement dû se replier sur une scène protégée, un rien trop éloignée du public. La troupe Yourgui, juchée sur des échasses, a fait le lien entre la rue de l’Arsenal et Scènes de rue. Fête de quartier et arts ont fait bon ménage. Une ambiance chaleureuse qui se reproduira sans doute aujourd’hui.
Hélène Defer
Le Old El Paso marching band a donné une version très personnelle de ce que doit être la musique officielle lors de l’inauguration de la statue équestre de Zanzib-R.
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