Julie Camille propose à travers sa marque Ephélide de superbes réalisations de maroquinerie artisanale. À l’occasion de son installation à la Vitrine pendant deux jours les 11 et 12 février 2014, rencontre avec une jeune femme devenue spécialiste de l’armée franco-allemande sans parler un seul mot de la langue de Goethe.
Peux-tu nous raconter ta vie en deux minutes ?
Titulaire d’ un BEP « métiers de la mode et industries connexes », puis d’un bac pro « artisanat et métier d’art », je suis partie vivre à Londres une année et suis en Allemagne depuis 8 ans. J’y ai travaillé 6 ans, pour l’armée comme responsable d’une petite boutique duty free. Femme de militaire en Allemagne, sans maîtriser la langue, l’armée était une opportunité pour un emploi. J’ai été muté deux fois suite à la fermeture de caserne ou régiment. En 2011, je bénéficie d’un plan social béton et décide de créer Éphélide. À présent, après Trier et Immendingen, j’habite à Tengen, mon compagnon travail au 110e RI à Donaueschingen et nous nous apprêtons à déménager de nouveau car le régiment sera dissous l’été prochain.
C’est donc grâce à l’armée que tu as atterri à Mulhouse ? C’est le décalage entre la théorie politique (les grands discours d’amitié franco-allemande) et la réalité (la disparition de la coopération militaire franco-allemande) qui t’a amené par ici ?
Je ne voulais pas m’établir en Allemagne car peu de droit et peu d’aide à la création d’entreprise. En plus, je ne souhaitais pas payer mes impôts à l’étranger. Mulhouse était la ville française la plus proche et la plus intéressante. J’ai donc fait appel à une société de domiciliation en avril 2012 afin de concrétiser ce projet d’entreprise. Mon premier contact professionnel : la chambre des métiers. J’ai ainsi participé à des journées portes ouvertes où j’ai rencontré Michel Caumes, photographe, Clémence Carton de Grammont, tapissier d’ameublement ou Alexandre Poulaillon, dominotier peintre décorateur.
Pourquoi as-tu choisi le cuir ?
Le cuir a une odeur, demande un travail manuel, presque physique. J’aime cette matière, elle n’est pas prise de tête, elle a de l’aplomb tout de suite.
Niveau business du cuir, comment cela a démarré ? Comment cela se passe aujourd’hui ? À quoi ressemble tes clients ? Tu communiques comment ?
J’ai créé une micro Eirl pour séparer nos biens personnels de mon activité. Les premiers mois, j’ai mis en place mon atelier et testé plein de chose. L’année suivante, j’ai participé à des expos et salons, j’ai fait tout et n’importe quoi, commis plein d’erreurs. J’ai finalement compris que mes sacs n’avaient pas leur place à côté de bijoux à 10 balles et qu’il allait me falloir être plus sélective . Mes clients sont des femmes à 90%, qui achètent des modèles existants ou font une commande particulière, parfois en modifiant un modèle existant. Le budget peut être imposé, ou on me laisse carte blanche. Même des ados de 16 ans m’ont acheté des pochettes cuir pour leurs amis. La plupart de mes clientes sont de Mulhouse et alentour, merci le bouche-à-oreille. Les trois articles dans la presse m’ont été bénéfique en m’apportant quelques clientes supplémentaires.
Ne vends-tu point sur internet ? Et sinon on les trouve où tes créations ?
Si, j’ai mis en place une boutique en ligne sur le site « A little market » dédié au « fait main ». Ils ne prennent que 5% de commission. Mais cela représente seulement quelques petites commandes et demande énormément de temps notamment pour réaliser et travailler des photos de qualité, indispensables pour vendre en ligne. Des créations visibles à La Vitrine, à Motoco dans mon nouvel atelier et en direct sur les salons, expos tout au long de l’année.
Pourquoi les femmes ont-elles besoin de dizaines de sacs alors qu’elles en portent un seul à la fois ? Et qu’il est rare qu’il soit indisponible car en train de sécher après un passage en machine comme une vulgaire culotte ?
Je ne connais aucune minette qui n’en ait pas plusieurs. Un bon sac peut durer toute une vie. Je m’offre un sac par an, cadeau de moi à moi, création made in my hand tant qu’a faire. Les prix varient d’un sac à l’autre, il faut compter de 150 à 450 euros: c’est presque toujours un coup de cœur qui génère l’achat. Je mets entre un et trois jours pour réaliser un seul sac … Je passe directement d’un prototype à un modèle fini, les modèles sont tous uniques. Mais j’envisage la petite série …
Tu présentes ton travail comme écolo : en quoi est-ce écolo de tuer une vache ?
On ne tue pas de vaches uniquement pour leur peau : la viande rapporte bien plus. Et j’ai une éthique ! Je refuse de cautionner un système où les pieds baignent dans le chrome à l’autre bout du monde pour des salaires indécents et des cuirs merdiques !La plus part du temps je me déplace pour l’achat du cuir, à Barr, la tannerie Degermann reste mon principal fournisseur pour des peaux de veau top qualité. Il faut compter 80 euros HT du m2. Les doublures de sacs sont des chutes de tissus d’ameublement.
Pour découvrir Julie Camille et Éphélide :
Rencontre à la Vitrine 53 avenue Kennedy à Mulhouse, mardi 11 & mercredi 12 février 2014 de 11h à 19h, infos tél. 03 89 33 11 11 www.danslavitrine.com
Atelier Motoco sur le site DMC au 13 rue Pfastatt à Mulhouse, sur rendez-vous ou le prmeier dimanche du mois pendant les portes ouvertes www.motoco.me
Salon Uni Créa du 1er au 4 mai 2014 au château de Morges (Suisse) près de Lausanne http://unicrea.ch
Facebook : www.facebook.com/ephelide.camille
Boutique en ligne www.ephelide-sac.com