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Ateliers slam avec la Mission Voix Alsace

Extrait de La Lettre de la Mission Voix Alsace – Juillet 2009

Au cours de la saison 2008/2009, l’Agence Culturelle d’Alsace et la Mission Voix Alsace ont organisé un stage de découverte de la culture slam animé par Lucie Rivaillé, alias U-bic. Au programme : le slam et ses origines, ateliers d’écriture, déclamation… Cette première nous invite à aller plus loin dans les propositions de découverte de cette culture, en partenariat avec le Lézard, Oaz’art et Old School.

Focus sur un mouvement en marche.

Le slam

C’est à Chicago, en 1984, que Marc Smith a l’idée d’organiser des joutes oratoires dans les bars de la ville afin de dépoussiérer les scènes ouvertes de poésie. L’objectif était d’y apporter une dimension ludique, notamment grâce à la participation du public sollicité en tant que membre du jury. Il tire son nom du verbe to slam (claquer, jeter) qui rappelle la manière dont les poètes scandent leurs vers. Arrivée en France dans les années 90′, cette nouvelle forme d’expression s’est développée et diversifiée pour aboutir à un véritable slam "à la française" décliné sous diverses formes telles que le spoken word, le one man show poétique ou encore les scènes ouvertes. Depuis quelques années, de nombreux artistes mettent en avant sa vocation pédagogique en organisant des ateliers d’écriture, dont les objectifs résident dans la création et l’interprétation de textes, sans oublier la possibilité offerte aux participants de s’exprimer librement. La scène ouverte en est la déclinaison la plus pratiquée en Alsace, basée sur un principe simple : un verre est offert au participant en échange du premier texte déclamé. Chaque inscrit prend la parole au micro sous les encouragements bienveillants d’une assistance où se mêlent tous les milieux, toutes les origines sociales. Ainsi se succèdent sur scène des personnalités différentes telles qu’un jeune rappeur, un retraité amateur de poésie classique, une étudiante, ou encore le patron du bar, tous animés par la même volonté de partager un texte… Autour d’un verre.

Mode d’emploi

1

Les rencontres de Slam Poésie sont ouvertes à tous et toutes, sans aucune distinction de sexe, d’âge, de couleur, de religion, de préférence sexuelle, d’apparence et de capacité physique ou intellectuelle.

2

Les poètes peuvent traiter de n’importe quel sujet, dans n’importe quel style.

3

Prenez soin de vous pré-inscrire auprès du présentateur avant le commencement de la slam session.

4

Pas d’instrument de musique ou de musique pré-enregistrée.

5

Pas d’accessoire. La performance repose sur le texte du poète et sa relation avec le public.

6

Pas de costume ni de déguisement.

7

Chaque passage est limité à un poème et à trois minutes.

8

Un poème dit, un verre offert. Un demi-poème dit ou cinq poèmes dits, un verre offert.

"Djack aux mots se piqua".

 p.c.c. Giacomo SPICA 

Slamer, c’est "claquer", oser dire, réciter, susurrer, scander, haranguer, improviser ou prendre le texte d’un auteur, d’un autre, d’un film, se l’approprier, c’est aussi écrire ses états d’âmes, sans états d’âmes, ses réactions, ses préoccupations, ses déclarations. Le slam est une expression spontanée et immédiate, vivante. Il peut être percutant, tendre… Il exprime toutes les émotions. Il existe certainement depuis l’apparition du langage, et quelle que soit sa forme : contes, joutes verbales, prise de parole en public… En plus des mots, le sIam c’est aussi une expression artistique partout présente, une interaction entre voix, musique, corps (échanges avec des instrumentistes, des danseurs, qui évoluent sans mise en scène, sans consignes harmoniques ou rythmiques, mais dans un moment improvisé). Ce n’est pas du rap, mais cela vient de la même famille. Quelques noms : Les last poètes, Léo Ferré, Boby Lapointe, Martin Luther King, Saul Williams, Tony Medina, Grand Corps Malade, Frédéric Nevchehirlian, djiz… C’est une expression libre, et toutes les couches de la société y participent, tous les âges, toutes les couleurs. Seule règle, oser dire, improviser, écrire, scander, dans un temps donné par le maître de cérémonie. Le Slam permet le mélange des gens, des genres, sans aucun diktat de choix, de sélection. Il n’exclut pas mais au contraire, il interpelle, étonne, soulage et se partage !

U-Bic

U-Bic (alias Lucie Rivallé) a rencontré le slam à Bordeaux, sa ville natale, en 2004 et en est rapidement devenue "accro". Arrivée à Strasbourg il y a trois ans, elle s’attache à faire vivre cette culture urbaine en organisant des sessions slam par le biais de l’association Oaz’art et en animant des ateliers d’écriture auprès de publics variés : de 7 à 77 ans, tout le monde peut slamer ! Electron libre ayant tendance à vouloir être dans plusieurs dimensions en même temps, cette petite chose n’attaque que la nuit, munie d’un stylo Bic plastique.

__Rencontre avec Lucie Rivaillé, alias U-Bic, à l’occasion de la proposition d’ateliers slam par Mission Voix pour la saison à venir …__

– D’abord la question pénible qu’on t’a déjà posée 200 fois … Qu’est-ce que le slam ?

– Oulala… Pfffff… Bon, j’essaie de répondre autre chose à chaque fois… Pas facile… Euh …

– Bon, ta définition à toi ?

– C’est un événement populaire, un grand moment d’émotion. Ça appartient vraiment à la culture populaire, c’est toujours libre d’accès, et ouvert à tous sans exception.

– Comme une bibliothèque ?

– Exactement. C’est aussi une tribune de libre expression, permettant de donner la parole à qui veut la prendre, à n’im- porte qui, quels que soient le fond et la forme, le texte ou le thème abordé …

– On accepte toutes les opinions politiques ?

– Il y a une certaine tendance qui penche plutôt à gauche, c’est vrai. Mais j’ai vu des conservateurs pur jus monter sur scène. Le slam réunit toutes les religions, tous les milieux sociaux, toutes les langues.

– Et les ateliers d’écriture slam seraient la solution à tous les problèmes du monde ?

– Dans cette libre expression, on partage. Notre société a perdu le lien social. Il est pourtant nécessaire, utile, public, vital ! Les gens ont besoin de dire, mais pas n’importe comment. Le slam n’est ni une thérapie, ni une psychologie de comptoir.

– Quelles sont les valeurs défendues par le slam ?

– L’égalité entre tous, tout le monde peut monter sur scène, il n’y a pas de sélection par l’argent … On offre un verre à tous les slameurs. On échange, on partage, on peut répondre à un texte, le public écoute, le respect est mutuel … C’est créateur de lien social, c’est convivial, mais surtout sympa, agréable et parfois émouvant.

– C’est pour cela que le slam semble plutôt allergique à l’institution ?

– On le pratique plutôt dans des lieux populaires, pour qu’il y ait le moins de barrières possibles. Mais l’institution est utile, à condition qu’elle joue le jeu. Par exemple, lorsqu’une municipalité finance une troupe de théâtre, même si elle se rit du maire. Il faut soutenir l’expression citoyenne, sinon on perd la liberté. Et curieusement, les gens qui montent sur les scènes slam ne sont pas si trash.

– Le coup de projecteur amené par le succès d’Abd al Malik et Grand Corps Malade sur le slam est-il une bonne chose ?

– D’abord, Abd al Malik n’est pas un slameur. Il n’a jamais vu la couleur d’une scène slam. Il fait du rap, certes original, mais ça reste du rap, avec un flow particulier. C’est un précurseur, commercialement parlant, qui a su profiter de l’engouement pour le slam. Même si les vrais précurseurs, c’est plutôt au Moyen-âge qu’on les trouve avec les joutes verbales… Grand Corps Malade est un slameur, il continue d’ailleurs de participer bénévolement à des scènes ouvertes dans sa ville natale. Cependant, il pratique plutôt le spoken words, le "parler sur la musique", un dérivé du slam. Et le souci avec ses salles de concert pleines, c’est qu’elles mettent des barrières entre l’artiste et le public, alors qu’une vraie scène slam rapproche les participants et les spectateurs. Entre un Zénith et un bistrot de quartier, les attentes ne sont pas les mêmes : côté amateur, cette expérience permet de tester plein de choses, de s’affirmer en tant que citoyen. Côté grande scène, il s’agit d’un artiste face à son public. Ca n’a rien à voir. Pour moi, un slameur est un citoyen qui prend la parole 3 minutes.

– Il existe donc des règles lors d’une scène ouverte slam ?

– A la base, il s’agit d’un tournoi "slam poetry", où chaque intervenant a 3 minutes chronométrées pour s’exprimer. Pour l’inventeur du slam, Marc Smith, il s’agit d’une vraie joute verbale populaire. En Alsace, c’est presque une grande famille. Mais dans tous les cas, la volonté est de sortir du côté parfois pénible de la "grande" poésie.

– Quel est l’intérêt de participer à un atelier slam ?

– L’envie de s’exprimer, quelle que soit la thématique, transcrire des émotions, renforcer son écriture, être à l’aise dans ses déclamations. On peut faire de la poésie mystique, on n’est pas obligé de donner dans le social et la politique. On peut faire une lecture d’un poète qu’on apprécie ou d’un texte personnel. Dans tous les cas, il s’agit de rencontrer et partager. Et passer par les cordes vocales transforme l’écriture. On enrichit l’autre, on vit des moments forts. Comme dans un bon concert, sauf que là tu participes, tu n’es pas uniquement spectateur. Produire soi-même un texte peut aider à trouver sa personnalité dans l’écriture. A l’occasion d’un atelier, on trouve de l’aide pour dire en public ce texte, on travaille le corps et la voix.

– Ces ateliers sont destinés à quel type de public ?

– À tous les publics ! Le slam n’est pas réservé aux jeunes, il est accessible à tous, quel que soit le niveau, l’âge, la langue, le milieu social … Slamer, c’est oser !

Dossier réalisé par JL Wertenschlag. Old School Crédit photo : Oaz’art

Le Lézard, Oaz’art, Old School et Mission Voix Alsace proposent :

• Une table ronde le 12 septembre 2009 de 14h à 16h : "Qu’est-ce-que le mouvement slam ?", à l’Espace Lézard, 2 Bd du Champ de Mars, Colmar.

• Un atelier slam animé par Lucie Rivaillé, alias U-bic,

17 octobre 2009

24 octobre 2009

14 novembre 2009

21 novembre 2009

5 décembre 2009

12 décembre 2009

19 décembre 2009

de 10h à 12h à la Mission Voix Alsace, 140 rue du Logelbach, Colmar.

• Une "scène ouverte" avec les stagiaires, le 19 décembre à 20h (lieu à définir)

Renseignements et inscriptions : contact@missionvoixalsace.org ou 03.89.77.91.80

Téléchargez cet article au format pdf : http://files.me.com/jlw2/cbppvb


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