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Colibri, revue des expériences d'économie durable, distributive et solidaire

Dernière mise à jour : 3 juin

[revue de presse]


Le numéro 39 des News Colibri édité par la MCM vient de sortir, daté mai 2025, en bilingue français allemand s'il vous plaît. Vous pouvez trouver la version papier à la MCM (Maison de la Citoyenneté Mondiale 20 rue Schutzenberger à Mulhouse), lire le premier article ci-dessous et télécharger la version pdf. Hopla on y va !






LA RUE ! UN ABRI !! UN CHEZ SOI !!!


Il y a quelques temps j’ai eu l’occasion de rencontrer une personne sans domicile fixe (un sans-abri me direz-vous). Et lui, surprise avait réussi à s’abriter, à se loger ! Il s’agissait de Tony qui comme moi-même fait partie des citoyens du Monde. C’est dans ce cadre que je l’ai croisé.


Sa parole, ses réactions, son analyse face à certaines situations faisaient autorité

(comme on dit). On c'est traité d’égal à égal et, spontanément nous nous sommes rapprochés. J’avoue que lorsque j’ai pris connaissance de son parcours, j’ai été impressionné et j’ai appris à le connaître. En fait, il s’agit d’un enfant de la DDASS qui vivait dans la rue, sans domicile fixe. Et le 31.12.2014 il avait décidé de « réquisitionner » un logement vide (en langage courant on appelle cela « squatter »). En effet, il avait constaté qu’il y avait des maisons, des entrepôts, des gros bâtiments vides.


Par la suite, il a fait bénéficier d’autres personnes de son expérience et il a réussi à réquisitionner des lieux qui ne servaient plus à la société, c’est ainsi qu’il a réussi à loger depuis 10 ans 12 à 13 000 personnes. Incroyable, mais vrai !





Lors d’un entretien, je lui ai demandé « Pour toi Tony : c’est quoi vivre dans la rue » il m’a répondu : « cela dépend des personnes, c’est dur, pénible, les personnes qui sont dans cette situation ont un mal fou à rebondir. Elles sont exclues, marginalisées, souvent isolées. Les centres d'accueil les considèrent comme des rébus de la société ; et bien souvent elles sont criminalisées, elles ont un mal fou à rebondir, c’est pénible. Et… pourtant la construction de logements constitue une grande partie de l’économie en France. Pour les personnes concernées, la situation est tout simplement catastrophique. Pour eux, il n’y a pas de trêve hivernale. Pour eux, c’est la marginalisation, c’est les problèmes de santé Et quand elles se décident à s’adresser aux services sociaux, on se contente de leur répondre « appelez le 115 !!! ».


Dans la foulée, je lui ai posé la question suivante « compte tenu de ce que tu viens de me dire, c’est quoi se mettre à l’abri ? » et il m’a répondu spontanément « ce besoin légitime est vital, comme manger, respirer… On oublie souvent que chaque année il y a des morts ; que 1 500 à 2 000 enfants sont laissés dans la rue, que ces victimes de la société, de consommation passent leur journée à chercher à s’abriter pour la nuit, alors… que d’autres vivent dans l’opulence et gèrent le superflu. Parfois ils louent des logements insalubres ». Alors… alors lui ai-je rajouté « cela signifie quoi : Avoir un chez-soi? » Selon Tony qui spontanément m’a répondu en me disant « mon frère (j’étais ému et fier à la fois), il y a celles et ceux qui rentrent dans le schéma. Ils sont souvent malades. Il y a aussi les mal-logés, celles et ceux qui sont dans la rue couchés sur un matelas, un carton, parfois une tente ». Selon Tony, il y a en France environ 800 000 à 1 million de personnes concernées alors qu’officiellement on parle de 300000 SDF. Toutes ces personnes « humaines » rêvent d’un chez soi. Alors face à cette situation il s’agit de garantir le droit à un logement gratuit et de réfléchir à des solutions des logements adaptés avec les personnes concernées pour redonner du sens de l’espoir à la vie. « Car (me dit-il) chaque personne a du génie ». Et j’ai rajouté : « Tous les êtres humains sont doués il suffit de le vérifier à l’expérience ».


Alors… alors face à cette situation retroussons nos manches, ouvrons notre cœur; découvrons résolument des rêves, des utopies qui deviennent réalités ». Et… arrêtons d’en parler et faisons-le Avec les personnes concernées.


Roger WINTERHALTER




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