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Frédéric Marquet, futur maire de Mulhouse ?

Entretien avec Frédéric Marquet, ancien manager du commerce mulhousien, fondateur de l’association « Mulhouse j’y crois » - et peut-être futur maire de Mulhouse ?


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Transcription d'une interview radio réalisée le 21 juillet 2025 par Fatma Jrad pour Radio Quetsch et Radio WNE (à écouter en podcast si vous préférez). Le sujet des élections municipales de mars 2026 n'a pas été abordé au micro, mais Frédéric Marquet y pense sans doute le matin en se rasant...



Fatma Jrad, jeune Tunisienne fraîchement arrivée à Mulhouse pour un volontariat européen à Radio WNE, a rencontré Frédéric Marquet. Engagé dans la vie associative et culturelle locale, il partage ici sa vision de l’évolution de Mulhouse, l’importance d’accueillir des volontaires européens dans la ville, et les conditions à réunir pour un véritable impact.



  • Frédéric Marquet, qui êtes-vous ?


  • Je suis mulhousien et j'ai toujours été engagé pour cette ville dans laquelle je crois depuis toujours.


  • Vous êtes une figure très engagée à Mulhouse depuis de nombreuses années, notamment dans le commerce de proximité et la vie citoyenne. En tant que volontaire européenne ici à Mulhouse et originaire de la Tunisie, je voulais échanger avec vous sur Mulhouse, sur son dynamisme et sur la place que peuvent y occuper les volontaires européens. Comment présenter Mulhouse à quelqu'un qui ne la connaît pas ?


  • [Frédéric Marquet]

Mulhouse c'est une ville singulière. Une ville qui a une histoire particulière et une énergie particulière. C'est par exemple une des villes, ou la ville la plus jeune de France, 42% de la population à Mulhouse a moins de 30 ans.

  • C'est une ville où il y a beaucoup de nationalités différentes. On est sur 136 nationalités différentes sur 192 qui existent dans le monde. Et donc il y a une énergie particulière dans cette ville. C'est une ville qu'on caractérise comme relativement pauvre, on doit être 15ème ou 20ème ville la plus pauvre de France. Donc il y a un vrai sujet à Mulhouse. Et en même temps, on a le quartier le plus riche du pays en terme de moyenne des revenus de province. Donc on a ces frictions-là qui parfois peuvent être vécues comme des faiblesses, des sources de tension, de difficulté. Moi, j'y vois vraiment des opportunités et une façon à un moment de concentrer aujourd'hui ici à Mulhouse beaucoup d'éléments qui peuvent demain nous permettre de rebondir, d'être créatifs. Et d'ailleurs, dans l'histoire de Mulhouse, il n'y a pas la mer, il n'y a pas de pétrole. Donc à chaque fois que Mulhouse dans l'histoire, a rayonné dans le monde, parce qu'elle a été un modèle dans le monde à certaines époques, ce sont les Mulhousiens qui se sont pris par la main, souvent des jeunes. La plus belle épopée, l'histoire du textile mulhousien, on la doit avant tout à quelques jeunes mulhousiens de moins de 30 ans qui ont décidé presque du jour au lendemain de se lancer dans cette aventure textile pour Mulhouse. Donc clairement, c'est aux mulhousiens de se prendre en main, d'oser, d'inventer et de créer pour que Mulhouse rayonne à sa juste valeur.


C'est une ville où il y a beaucoup de nationalités différentes. On est sur 136 nationalités différentes sur les 192 qui existent dans le monde.


  • Comment Mulhouse a évolué pendant les dernières années ? C'est les jeunes Mulhousiens qui ont permis cette évolution à travers plusieurs domaines dont le textile ?


  • [Frédéric Marquet] Pas forcément dans le textile, c'est un peu une histoire passée, même si c'est dans notre ADN, dans nos racines et qu'il y a certainement des choses à creuser, à développer, à réinventer dans ce domaine là. Mulhouse a plutôt bien évolué ces 15 dernières années de manière générale, parce que des programmes ont été lancés pour revitaliser le cœur de ville. Des choses ont été engagées dans les quartiers aussi. Globalement, je reste convaincu que Mulhouse a plutôt bien évolué. On est ici à la maison Engelmann, dans un lieu qui a été inauguré en 2014 si je ne me trompe pas. Ça fait partie des lieux qui ont permis de faire évoluer Mulhouse. Globalement, Mulhouse a plutôt bien bien évolué ces dernières années. Mais le potentiel est encore énorme. Et il y a beaucoup de choses qu'on n'exploite pas. On peut parler de KMØ par exemple, un écosystème, un site, une friche industrielle qui a été transformée, qui est aujourd'hui un écosystème modèle à l'échelle nationale dans le domaine du numérique, de l'industrie, etc. Ce sont des privés, des industriels mulhousiens dans ce domaine là qui ont proposé ce projet, bien sûr accompagnés ensuite par les collectivités et les institutions. C'est un exemple supplémentaire du fait qu'il faut que les mulhousiens se mobilisent pour leur ville et qu'à partir du moment où on se mobilise, il y a beaucoup de choses qui sont plus facilement possibles. Je dis souvent,

Mulhouse est une chance, c'est à nous de la saisir.

  • Il y a beaucoup de choses qu'on peut faire plus facilement ici qu'ailleurs. Quelqu'un qui a un projet, Mulhouse devrait et a la capacité à le rendre plus facile qu'ailleurs, il faut juste que les mulhousiens en prennent conscience, et notamment les jeunes. Il y a un vrai travail à faire sur la fierté d'appartenance des jeunes à leur ville et ça passe par plein de choses. Ça passe par le sport, par la culture par exemple. Dans ces domaines, notamment le sport, on est un peu faibles. Les jeunes aujourd'hui ont besoin de s'identifier à une équipe de foot et une équipe de basket qui jouent les premiers rôles dans un championnat national. Ce n'est plus le cas à Mulhouse, donc on ne vibre plus, par exemple, football ou sport de haut niveau à Mulhouse. Bien sûr il y a le volley, il y a d'autres sports qui viennent combler un petit peu. On n'atteindra jamais la popularité de certains autres sports, mais ça peut être aussi dans le domaine culturel. Quand est-ce qu'il y a eu un grand concert à Mulhouse avec un vrai artiste de dimension internationale ? Ce sont aussi ces moments là qui fédèrent, qui font que les jeunes et les gens partagent une même émotion. Ce sont aussi dans ces moments là que se croisent les publics. Je disais tout à l'heure, il y a les plus riches et les plus démunis dans ces moments là, souvent. C'est ces moments là où se croisent les différents publics et où vivent au même moment la même émotion, une vie des habitants d'une ville. Donc, ce sont des choses qu'il faut alimenter, nourrir, retrouver à Mulhouse et dont Mulhouse pour moi a réellement besoin.


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  • La communication peut jouer aussi un rôle important là. Je ne suis pas Mulhousienne mais j'ai récemment découvert que l'équipe féminine de volley de Mulhouse était championne de France. Mais, malheureusement on n'a vraiment pas assez d'informations sur ça, soit sur les réseaux sociaux, soit dans les médias classiques, etc. Et parlant des jeunes, quelle est la place que la jeunesse occupe aujourd'hui dans le dynamisme local ?


  • [Frédéric Marquet] Clairement pour moi,

les jeunes n'ont pas une place suffisante aujourd'hui dans la vie de la ville.

  • C'est à dire que on sent des jeunes qui ne sont pas forcément déjà attachés forcément à leur ville. On entend encore trop souvent "j'ai qu'une envie, c'est de partir de Mulhouse, d'aller à Strasbourg, d'aller à Colmar, d'aller ailleurs en France..." mais les jeunes ne se projettent pas suffisamment. Cela dit, ça a quand même évolué ces dernières années, en tant que manager du commerce, c'est ma plus grande fierté. J'ai été 14 ans manager du commerce dans cette ville. Les premières années, je n'avais jamais un jeune mulhousien qui poussait la porte de mon bureau pour entreprendre à Mulhouse. Sur les dernières années, j'ai eu de nombreux jeunes qui ont poussé la porte en me disant j'ai envie de faire partie de cette dynamique, j'ai envie d'ouvrir à Mulhouse, je crois dans ma ville. Donc la tendance est quand même en train d'évoluer. Mais aujourd'hui, cette fierté d'appartenance n'est pas suffisante. On a besoin d'être attaché à sa ville. On a besoin de vivre, de se créer des souvenirs dans sa ville. Et aujourd'hui Mulhouse ne propose pas assez de moments de vécu ensemble, notamment pour notre jeunesse, pour qu'on se construise un attachement à sa ville. Et c'est dommage parce que notre ville en a besoin et notre jeunesse en a besoin pour pouvoir se projeter dans sa ville. Je dis souvent on a besoin d'éléments pour bien vivre ici. On a besoin d'éléments pour s'épanouir. Et puis pour vibrer ici, ça se construit avec ce qui se passe dans une ville. Ce que l'on propose, ce que l'on vit et notre jeunesse particulièrement a besoin de ces de ces moments là. Il faut leur proposer, il faut les multiplier, parce qu'en plus, quand on en propose, ça se passe toujours extrêmement bien. Il ne faut pas craindre ça.


  • Une solution pour avoir plus de notoriété et plus de visibilité sur la ville de Mulhouse, c'est le volontariat européen. On peut accueillir des jeunes du monde entier, surtout des pays européens pour venir et faire des expériences ici. Comment voyez-vous l'importance de créer de telles opportunités pour les jeunes, soit pour les jeunes mulhousiens qui peuvent partir un an promouvoir et communiquer sur Mulhouse, soit l'inverse, accueillir d'autres jeunes comme moi, de la Tunisie. Je débarque ici pour découvrir cette région et valoriser le patrimoine de Mulhouse.


  • [Frédéric Marquet] Vous me disiez vous même tout à l'heure que, en venant à Mulhouse, vous aviez été surprise de ce que vous avez trouvé ici en terme de qualité de vie, d'énergie, de ce qui s'y passe, que vous aviez, même dans vos connaissances à Strasbourg, des gens que vous avez amené à découvrir Mulhouse, et que eux mêmes étaient surpris de ce qu'ils ont vécu quand ils ont passé quelques jours ici. Évidemment ces échanges et ce regard extérieur sont essentiels, aussi pour nos jeunes mulhousiens, de voir que des jeunes venus d'ailleurs découvrent la ville et s'y plaisent et tiennent un discours totalement différent de ce qu'on peut entendre ici ou là sur Mulhouse. Ce regard extérieur est donc très important dans la construction mentale de l'image que les mulhousiens et les jeunes mulhousiens ont de leur propre ville. Plus on va entendre des gens qui viennent de l'extérieur nous dire "waouw, c'est bien, il se passe des choses que je n'ai jamais vu ailleurs", plus notre jeunesse mulhousienne va se rendre compte que Mulhouse c'est bien ! Ces échanges entre pays européens permettrait à des jeunes mulhousiens d'aller dans d'autres territoires pour voir ce qui s'y passe, et témoigner de ce qui se passe à Mulhouse, etc. Mais il faut qu'on ranime cette flamme, qu'on rallume cette flamme. Et vous me disiez aussi tout à l'heure que la grande difficulté, c'est que vous avez besoin, quand il y a ces échanges, d'avoir une association qui porte ces échanges. Et qu'à Mulhouse, il n'y a plus aujourd'hui d'association qui coordonne ces programmes d'échange de jeunes européens. Et que c'est du coup très compliqué en terme de démarche, d'avoir ce type d'échange avec des volontaires européens. Je suis convaincu que ça pourrait être un service que la mairie engage. C'est à dire que aujourd'hui, un service jeunesse municipal pourrait s'approprier cette mission.

Une mairie doit faciliter la vie, surtout sur des projets qui ont du sens à la fois pour Mulhouse, pour notre jeunesse et donc c'est un sujet qui pourrait vraiment être traité par la ville pour faciliter ces échanges et redonner un dynamisme à ces échanges qui ont vraiment du sens pour la ville et pour notre jeunesse.


  • Donc, selon vous, la solution pour accueillir plus de jeunes et régler cette problématique, c'est la mairie ?


  • [Frédéric Marquet] En tout cas, ça peut être une solution, ou alors tout engager pour qu'on identifie une association qui puisse à nouveau porter ce type de projet ou la créer. Il faut que les institutions mulhousienne soient porteuses, puissent aider, accompagner pour qu'on trouve une solution, parce qu'encore une fois, c'est une richesse assez incroyable d'avoir ces échanges là et aujourd'hui, on n'en profite pas. Donc ça doit bien se passer dans d'autres villes. Vous me parliez de Nancy tout à l'heure, etc. Donc, dans d'autres villes, ces échanges se produisent entre jeunes volontaires européens. Alors qu'à Mulhouse, on est en difficulté même quand il y a des gens motivés pour que ça puisse se produire. Il faut qu'on trouve une solution. Ça peut être effectivement la mairie qui s'engage en ce sens, qui ensuite délégue à une association qui sera identifiée. Mais c'est un sujet d'importance. L'implication de la mairie pourrait avoir du sens dans ce projet.


  • Un dernier mot pour encourager les jeunes à venir découvrir Mulhouse ?


  • [Frédéric Marquet]

Mulhouse, c'est tout simplement la capitale du monde. Donc, s'il y a une ville à venir découvrir où on peut inventer les choses, créer, imaginer, c'est Mulhouse


  • Merci beaucoup pour cette interview. Ça me fait énormément plaisir, c'est ma première interview et je suis très reconnaissante d'avoir pris de votre temps.


  • [Frédéric Marquet] Merci beaucoup et puis bienvenue à Mulhouse !


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