Hervé Platel est professeur de neuropsychologie et directeur de l’unité de recherche « Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine » (Inserm - EPHE - Université de Caen Normandie). Internationalement reconnu pour ses travaux, il est parmi les premiers chercheurs à utiliser les techniques de neuro-imagerie pour visualiser l’activité du cerveau durant l’écoute et la pratique de la musique. À l'invitation de la Nef des sciences et de l'INSERM Est, il a animé la conférence musicale "Cerveau l'enchanteur" accompagné du duo vocal les Dyadin, le mardi 25 février 2025 à l'Aronde à Riedisheim pour l'ouverture de "À votre santé", le mois de santé et de la recherche médicale en Alsace et dans le Grand Est qui se déroule en mars. Renseignements à la Nef des sciences au 03 89 33 62 20 ou nef-des-sciences@uha.fr
si vous préférez écouter l'entretien en podcast : https://podcast.ausha.co/wne/platel
écoutez les réactions des spectatrices : https://podcast.ausha.co/wne/platel2
À l'occasion de sa venue en Alsace, lisez ci-dessous la transcription écrite ou écoutez en podcast l'entretien passionnant avec Hervé Platel où la musique se révèle d'une incroyable puissance au service de notre santé. Propos recueillis par Jean-Luc Wertenschlag le 18 février 2025 pour Radio Quetsch, L'Alterpresse, Warum Net Experience et tous les médias libres motivées.

Pour commencer, qui êtes-vous Hervé Platel ? Pouvez-vous nous raconter votre parcours? Comment êtes-vous devenu professeur de neuropsychologie?
[Hervé Platel] J'ai fait un cursus de psychologie à l'université, j'ai un doctorat de psychologie et je me suis spécialisé en neuropsychologie. La neuropsychologie est une sous-discipline de la psychologie, on va dire ça comme ça, qui s'intéresse aux conséquences des maladies du cerveau sur le comportement. Qu'est-ce qu'on appelle le comportement? En fait ça peut être des choses comme la mémoire, qui ne nous paraît pas être un comportement, mais les psychologues parleront de comportement. La mémoire est un processus intellectuel ou un processus cognitif. Donc en fait, je ne suis pas médecin, je suis psychologue et j'ai cette formation de neuropsychologie. Et petit à petit, je me suis intéressé à la mémoire puis la musique s'est greffée là-dessus complètement par hasard. Au moment de faire ma thèse, un doctorat en psychologie, il y avait à Caen une plateforme de neuro-imagerie dédiée à la recherche qui venait d'être ouverte. Et en fait, on a imaginé quel pourrait être un des premiers protocoles en utilisant ces techniques d'imagerie cérébrale qui étaient toutes nouvelles par rapport à la recherche. À l'époque, on menait des travaux d'observation de patients à la suite d'accidents vasculaires cérébraux ou d'autres maladies du cerveau. Ils pouvaient avoir des troubles du langage, mais pas des troubles de la perception de la musique, ou à l'inverse, des troubles de la musique, mais pas des troubles du langage. Du coup, cette dissociation entre langage et musique a été une de nos premières interrogations. C'est ce qui a motivé le sujet de ma thèse de doctorat, c'était de voir chez des sujets normaux, pas chez des patients, qu'est-ce qui se passait dans leur cerveau quand on leur faisait écouter de la musique par rapport au langage et de mieux comprendre si dans notre cerveau il y a des réseaux cérébraux, des régions qui sont dédiées à la musique.
Oui, alors la musique, parlons-en, puisque c'est le sujet de votre intervention en lien avec le cerveau. D'abord, la musique, tous les sondages nous le disent, 99% des Français écoutent de la musique. La durée d'écoute moyenne varie entre une heure et deux heures trente par jour. C'est un truc assez fou! Et la musique est indispensable, toujours selon les sondages Ipsos 2015 ou Sacem 2010, pour près des trois quarts des Français. Et puis c'est quelque chose qui est assez étonnant puisque la musique, Hervé Platel vous l'écrivez très bien, procure des émotions incroyables, amène des images dans le cerveau, alors que, évidemment, quand on écoute de la musique, on peut fermer les yeux. Quelle est cette particularité de la musique par rapport à l'être humain, par rapport à notre cerveau?
il y a des personnes très étonnantes, incapables de faire la différence entre Petit Papa Noël et la Marseillaise
[Hervé Platel] La première chose qui nous vient à l'esprit, c'est que la musique semble être un phénomène culturel assez universel chez les êtres humains, dans toutes les cultures humaines. À l'heure actuelle, on n'a pas trouvé d'exemple de cultures humaines où il n'y aurait pas eu de pratique de chant ou de musique, même si, en fin de compte, dans ces cultures, parfois, le concept de musique lui-même n'est pas, en fin de compte, associé à un mot dont il veut définir la pratique. Donc les mots pour parler de la musique sont assez différents dans toutes les cultures, mais en fait il y a toujours des pratiques de chant, des pratiques de musique, ce qui est déjà assez intriguant en soi. On a donc un caractère relativement universel du fait que les humains soient d'une certaine manière musiciens.
On n'a pas trouvé d'exemple de cultures humaines où il n'y aurait pas eu de pratique de chant ou de musique
Même si les travaux de psychologie cognitive et de neurosciences cognitives de ces dernières années, modulent un petit peu cette histoire d'universalité. Parce qu'en fait, on remarque qu'il existe dans la population des personnes, pour des raisons qui ne sont pas pathologiques, ne décodent pas correctement la musique. On parle d'amusique congénitaux, c'est très moche comme terme, on pourrait comparer ça à une forme de dyslexie musicale, c'est-à-dire des personnes qui au cours de leur développement n'arrivent pas à comprendre comment fonctionne la musique du point de vue de la tonalité, c'est-à-dire faire la différence entre la hauteur de deux notes, mais aussi d'un point de vue du rythme. Ces personnes-là ont une intelligence tout à fait normale, le langage ne leur pose pas de problème, elles entendent même les modulations des émotions dans le langage, c'est ça qui est intéressant. Mais pour autant, elles n'entendent pas correctement la musique à tel point qu'elles n'arrivent pas à mémoriser le moindre air ou à distinguer, à discriminer un air d'un autre. Et il y a des personnes très étonnantes: vous leur faites écouter Petit Papa Noël ou La Marseillaise, elles ne sont pas capables de vous dire si c'est pareil ou pas pareil. Elles ne sont pas capables de reconnaître l'air. C'est assez intriguant, alors même qu'il n'y a pas de troubles neurologiques. Le caractère universel de la perception de la musique n'est pas complètement à 100%, on va dire qu'il y a 3% de la population qui a des difficultés à percevoir correctement la musique sans problème d'intelligence, sans problème neurologique. C'est un premier point. Le deuxième point, c'est qu'en fait ces travaux des neurosciences cognitives ont beaucoup insisté effectivement sur la manière explorée, la manière dont les émotions musicales nous touchent. Alors est-ce que c'est de manière universelle? Est-ce que ce n'est pas de manière universelle?Autrement dit, est-ce qu'on réagit tous de la même manière quand on entend une musique? Est-ce qu'on est touché de la même manière? Il y a une évidence déjà: l'écoute de la musique, c'est sans doute la pratique, la consommation artistique la plus importante dans le monde. Cependant, on n'aime pas tous les mêmes musiques. Pourtant il y a un caractère assez universel à la manière dont on juge des musiques comme étant joyeuses ou tristes par exemple. Et chose intéressante, des travaux réalisés notamment au Québec dans l'équipe de Robert Zatorre à Montréal ont montré qu'il y avait des personnes tout à fait capables de vous dire qu'une musique est joyeuse ou triste, qui écoutent un petit peu de la musique comme ça, donc dans leur environnement, mais pourtant qui ont peu de réactions émotionnelles vis-à-vis de ces musiques. Quand on regarde dans leur cerveau ce qui se passe dans des régions très importantes en lien avec ce qu'on appelle le circuit de la récompense, qui permet la libération d'un certain nombre de substances, comme la dopamine, donc l'ocytocine, etc., qui vous donnent un sentiment de bien-être quand vous ressentez du plaisir, et bien ces personnes n'ont pas d'activité majeure dans leur circuit de la récompense. Il ne s'active pas quand elles écoutent de la musique et qu'elles doivent juger si elle est plaisante, plus ou moins agréable, etc., alors même qu'il y a d'autres personnes pour qui ça fonctionne. Mais chose intéressante, en fait, ce sont des personnes qui ont quand même un circuit de la récompense qui fonctionne dans d'autres cas. Ce ne sont pas des handicapés du circuit de la récompense. C'est-à-dire que quand on leur propose d'autres types d'activités, on voit qu'elles peuvent prendre du plaisir dans d'autres activités dans leur quotidien, comme le sport, comme le fait de lire, d'écrire, etc. Mais la musique, en fait, elles savent comment ça fonctionne, mais ce n'est pas pour ça qu'ils prennent beaucoup de plaisir à l'écouter.
c'est le mystère de la musique!
Ça peut paraître bizarre cette histoire-là, parce qu'en fait c'est le mystère de la musique! Comment un tel phénomène est à la fois aussi individuel, c'est-à-dire que la musique est un parcours individuel, qui ramène à mon histoire personnelle, et comment en même temps on peut considérer que c'est un phénomène aussi universel... On a de plus en plus d'éléments pour comprendre cet aller-retour entre l'universalité de la musique et le caractère parfaitement individuel, effectivement, de cette expérience.

Dans vos études et dans un passionnant article dans la revue Cerveau et Psycho que vous avez écrit avec Sébastien Bohler, on découvre aussi qu'il y a trois niveaux de plaisir à l'écoute musicale. Un plaisir viscéral, physique, un plaisir émotionnel et un plaisir esthétique. Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionnent ces trois niveaux de plaisir musical?
Notre cerveau est très joueur. Il fait des paris, des hypothèses, et si ces hypothèses sont validées, se produisent, notre cerveau est très content parce qu'en fait il a joué et il a gagné.
[Hervé Platel] Pendant longtemps, on avait une vision du plaisir à l'écoute de la musique qui était sans doute un peu simpliste, un peu stéréotypée. Aujourd'hui, on sait qu'il y a une manière de prendre du plaisir à l'écoute de la musique qui se joue à différents niveaux. Premièrement, la musique, c'est un phénomène physique, une expérience sensorielle, de la même manière quand je mets une bouchée alimentaire dans ma bouche, je vais avoir tout de suite une sensation du fait que c'est particulièrement sucré, salé, etc. Il va y avoir des saveurs qui vont se développer dans ma bouche. En fait, la musique, à un premier niveau, c'est très clair, c'est un phénomène physique, c'est la puissance du son, c'est la vibration sonore qui nous touche, non seulement au niveau du cerveau via les oreilles, mais aussi d'un point de vue du corps de manière entière. C'est clair que les concerts, notamment les concerts de musique électronique en rave-party, on va les écouter pas seulement parce qu'on a envie, en fin de compte, d'une expérience d'écoute, on a envie aussi d'une expérience, je dirais, physique, où on va ressentir le son puissamment. Et ça peut provoquer une forme de plaisir, cet aspect viscéral, du plaisir, c'est parce que ça nous touche effectivement directement dans l'estomac, dans les tripes, c'est le son qui a un effet direct sur notre corps. C'est un premier niveau. Mais à un deuxième niveau, comment prend-on du plaisir et comment peut-on avoir par exemple le frisson musical ou la chair de poule à l'écoute de la musique? On peut l'avoir par cet effet un peu viscéral, mais beaucoup plus fréquemment autrement. Quand on demande aux gens pourquoi telle musique vous provoque la chair de poule ou le frisson, ils nous disent en général "Ah bah oui, mais cette musique, je la connais par cœur, je la connais très très bien. Et puis à un moment donné, il y a le break de batterie, il y a le chanteur qui arrive, il y a les chœurs qui montent, il y a les violons qui arrivent, et puis ça monte, ça monte, ah oui, j'adore ça." Ce qu'on remarque, c'est qu'à un deuxième niveau, le plaisir musical, l'extase musical est vraiment liée au fait de construire des attentes avec sa mémoire, c'est-à-dire d'anticiper ce qui va se produire dans le cerveau. Notre cerveau est très joueur. En fait, il fait des paris, il fait des hypothèses, et puis si ces hypothèses sont validées, donc si elles se produisent, notre cerveau est très content parce qu'en fait il a joué et il a gagné. Et vous savez qu'il n'y a rien de plus frustrant que d'écouter un morceau de musique quand vous êtes dans votre voiture, il y a un morceau qui passe que vous aimez bien à la radio, et puis on vous coupe en fin de compte ce morceau juste avant votre passage préféré. Et là, vous avez construit votre hypothèse, et puis on vous coupe le morceau juste avant qu'il se produise effectivement ce passage que vous aimez bien, votre circuit de la récompense n'est pas content parce que votre cerveau avait émis une hypothèse et puis cette attente qu'il avait construite n'est pas résolue. Donc c'est très désagréable. C'est très important parce que cet aspect lié à la mémoire peut jouer aussi même quand on écoute quelque chose de nouveau. Parce que quand on écoute une musique nouvelle, on fait travailler aussi notre mémoire. « Ah oui, tiens, c'est pas mal, ça me fait penser à ça. Ah oui, et puis comment ça pourrait évoluer? » Donc je fais des hypothèses. « Ah bah oui, mais c'est encore plus intéressant que ce que j'imaginais qu'il allait se passer.» Donc en fait ça, ça fonctionne à plein évidemment sur les morceaux qu'on connaît, mais aussi pour des morceaux qu'on ne connaît pas. Au premier niveau, quand je parlais de l'effet physique viscéral de la musique, ça ne nécessite pas d'éducation musicale, c'est quelque chose d'inné, naturel, on est pris par le son. À ce deuxième niveau, l'aspect mémoire nécessite quand même une exposition à la musique, une forme de chemin avec la musique, le fait d'avoir construit une histoire avec la musique. Et puis, évidemment, il peut y avoir un plaisir lié à l'esthète, à l'expert, comme on voit dans le domaine des beaux-arts. Un expert en peinture devant un tableau va vous dire « Ah bah oui, ça c'est vachement bien fait, parce qu'au niveau de la composition, du choix des coloris, etc., c'est en lien avec telle école, et c'est superbement bien réussi.» On a la même chose en musique, il y a l'esthète, le mélomane, qui dit « Ah bah oui, je connais tous les solos de John Coltrane sur ce morceau de jazz.» Et là on vient de découvrir un nouvel enregistrement.
« Alors je l'écoute... Mais c'est formidable! Parce qu'en fait, là dans son solo, sur ce morceau-là, il en a fait une dizaine de versions, mais en fait il ne fait pas exactement comme dans la version de 1957...» On est vraiment dans l'analyse, dans le décortiquage intellectuel de ce qui se produit. En fait il y a des gens qui prennent beaucoup de plaisir à cette analyse, à décortiquer comment c'est construit. Quand on va écouter une musique, ne serait-ce qu'en concert, on peut prendre du plaisir pour plein de raisons. Parce que c'est une expérience sensorielle, parce que ça fait référence à notre mémoire, à des attentes qu'on peut avoir quand on va en concert et qu'on va écouter un artiste qu'on aime bien. C'est vrai qu'il y a une chose qu'on attend, le morceau qu'on connaît bien, le succès qu'on connaît bien, etc. Si l'artiste ne le joue pas, on est quand même un peu déçus. Et puis, bien sûr, il y a le fait de décortiquer. Ah oui, là, la version telle qu'ils l'ont faite sur scène, c'est vachement bien fait, parce que le musicien a fait un truc assez exceptionnel, c'est une virtuose, etc.
Est-ce que notre cerveau ne se fait pas parfois manipuler ? Par la répétition d'une même musique imposée, qu'on finit par apprécier? On apprécie plus ce qu'on connaît déjà ? Comment expliquer cette capacité du cerveau à nous faire apprécier une musique inconnue par la simple répétition ?
on a tendance, en vieillissant, à aller moins vers la nouveauté
Ça tient au fait que ce qui est rassurant pour notre cerveau, c'est d'être en capacité de dire « ça, c'est déjà connu, c'est une expérience que j'ai déjà faite ». Notre doit être en capacité de nous dire ça c'est connu, ça c'est pas connu, donc ça tu l'as déjà expérimenté ou c'est familier, ça c'est pas expérimenté. Et notre cerveau aime bien quand les choses sont familières, quand il est dans un cadre effectivement déjà éprouvé, parce que c'est rassurant d'une certaine manière, parce qu'il va pouvoir en fin de compte retrouver la structuration, les éléments de ce qu'on a déjà vécu. En biologie, on fonctionne à l'économie. Et notre cerveau est un organe biologique qui a aussi sa forme de fainéantise. C'est-à-dire que c'est toujours plus facile de traiter une information quand elle a déjà été analysée, elle a déjà été traitée, parce que la deuxième fois, elle est déjà, entre guillemets, dans le système, elle a déjà fait l'objet d'une analyse. Du coup, dans toutes les expériences, on montre bien que si on vous fait écouter quelque chose que vous ne connaissez pas une première fois et qu'on vous demande de l'apprécier, bon vous allez l'apprécier éventuellement un peu, beaucoup, mais si on vous repasse ce même extrait un temps plus tard, même si vous ne vous souvenez plus explicitement l'avoir déjà entendu, vous allez le juger plus plaisant une deuxième fois et encore une troisième fois. Il va y avoir un effet de familiarité, plus ou moins conscient d'ailleurs, on appelle ça l'effet de simple exposition, ça peut jouer même de manière assez inconsciente, c'est-à-dire on ne se rend pas forcément compte que c'est quelque chose qu'on a déjà traité, mais notre cerveau lui s'en rend compte. Comme notre cerveau s'en rend compte, il nous donne, en fin de compte, un message plutôt rassurant, ça c'est plutôt familier, ne t'inquiète pas, il ne va rien se passer de désagréable, c'est ça que nous dit notre cerveau.
Comment se faire biaiser par notre cerveau...
À partir du moment où une expérience a déjà été éprouvée, on sait que cette expérience nous amène sur un territoire qui n'est pas dangereux, c'est un mode de survie aussi. Donc du coup, la familiarité est toujours rassurante. Et on le voit très bien, même dans les maladies du cerveau, chez les patients qui ont des troubles de la mémoire, comme les patients Alzheimer. Quand on leur présente quelque chose qui est familier, qui est connu, à ce moment-là, on voit bien que leur comportement est rassuré, ils sont rassurés, ils sourient plus facilement, etc. Une fois qu'on sait ça, on sait qu'on peut être biaisé, comme vous l'avez dit, dans nos goûts, il faut qu'on soit vigilant pour nous-mêmes, de ne pas simplement être biaisé par ce phénomène de répétition et du fait qu'on va apprécier davantage ce qui est déjà connu. Alors évidemment, il y a un effet de saturation, c'est-à-dire qu'à force de nous répéter des trucs en art, en musique, au bout d'un moment, on peut aussi s'en lasser, heureusement. Mais malgré tout, on a quand même une tendance à préférer ce qui est familier. Toutes les études qui s'intéressent à la manière dont on écoute la musique tout au long de notre vie, quand on est enfant, adolescent, jeune adulte, personne plus ou moins âgée, le montrent : on a tendance, en vieillissant, pour des raisons diverses, de disponibilité, etc., à aller moins vers la nouveauté. Et en fait, cette cristallisation vers les choses familières peuvent se produire même très tôt, au moment de l'adolescence, où on a surinvesti, émotionnellement, même identitairement, un style musical. Et on ne veut pas sortir de ce style musical qui nous est familier, qui est rassurant. Un peu comme dans l'alimentation, on a éprouvé, en fin de compte, un plat qu'on aime bien. Pourquoi prendre le risque de manger autre chose, puisqu'on sait qu'on va trouver notre satisfaction en mangeant tout le temps la même chose? Donc steak frites à tous les repas, formidable, ça marche. Il y a des gens qui sont plus ou moins sensibles à cet effet de cristallisation lié à la familiarité, qui ont plus de mal à aller vers la nouveauté, parce que la nouveauté, c'est une prise de risque. C'est intéressant d'un point de vue éducatif. À l'adolescence, où se cristallisent des choix esthétiques et liés à la construction de notre identité, comment continuer à garder une appétence pour la nouveauté et la prise de risque?
On découvre plein de choses incroyables grâce à vous ! Par exemple, le cerveau peut produire, inventer encore des neurones, alors que je pensais que c'était réservé à la naissance, à la jeunesse. Et puis, il y aurait plus de substance grise chez les musiciens. Mais c'est quoi la substance grise? Est-ce que pratiquer la musique ça peut soigner, ça peut aider, ça peut faire guérir? Dites-nous tout, Hervé Platel.
Pendant longtemps, on a cru que le cerveau, à partir du moment où on atteignait l'âge adulte, c'était plié, on perdait des neurones, il n'y avait plus grand chose à faire, et petit à petit, on est revenu sur ce postulat, au détour notamment des années 2000. On a découvert que dans notre cerveau, il y avait la création de nouveaux neurones, ce qu'on appelle la neurogénèse, et la création de nouveaux neurones tout au long de la vie. La perte neuronale, bien sûr, ça existe, indéniablement, mais elle est un tout petit peu compensée par le fait qu'il y ait aussi des nouveaux neurones qui sont créés tout au long de la vie. C'est un premier point, c'est la neuroplasticité. Quand on regarde ce qui se passe dans le cerveau des musiciens, par rapport à la stimulation que produit la musique, la musique a un pouvoir assez étonnant, même simplement quand on l'écoute, c'est de stimuler ce phénomène de neurogénèse, c'est de stimuler la création de nouveaux neurones, et ça c'est un phénomène assez intéressant et intriguant. Comment expliquer que la simple écoute de la musique peut augmenter la stimulation de la neurogénèse. Une des explications tient au fait que la musique qu'on écoute, j'insiste sur le fait que ce n'est pas forcément n'importe quelle musique, mais à partir du moment où il s'agit d'une information sonore qui est structurée avec des effets de répétition qu'on peut bien identifier, ça stimule notre système nerveux de manière importante. Parce que quand on regarde en imagerie cérébrale ce qui se passe dans le cerveau de quelqu'un qui écoute de la musique, mais qui l'écoute de manière relativement attentive, on voit en fait qu'il n'y a pas beaucoup de régions du cerveau qui échappent en termes d'activité à l'écoute de cette musique. Premier point.
On voit chez les musiciens une relation entre le nombre d'années de pratique et la densité de neurones dans l'hippocampe
Mais évidemment, ce qui est encore différent, c'est qu'est-ce qui se passe dans le cerveau des musiciens qui pratiquent la musique, qui vont apprendre ce langage musical, éventuellement en faisant du solfège, mais surtout qui vont répéter des centaines, des milliers d'heures durant l'apprentissage d'un instrument de musique. Mais ça peut être l'apprentissage vocal, puisqu'il y a des travaux qui montrent que ce que je vais vous dire là fonctionne aussi pour des chanteurs d'opéra par exemple. Qu'est-ce qui se passe dans le cerveau quand on répète, quand on écoute la musique, on la répète, qu'on apprend en fin de compte à jouer un instrument de musique, même si cet instrument est notre propre voix? On voit que notre cerveau se transforme, c'est-à-dire que ce n'est pas seulement la manière dont il fonctionne qui change, mais on a ce qu'on va appeler une neuroplasticité structurelle. Structurel, ça veut dire qu'il y a des endroits du cerveau qui vont se configurer différemment. Si on prend l'image d'une maison, c'est carrément, on va fabriquer des nouvelles cloisons, on va tirer des câbles, etc. Ce n'est pas juste la manière dont on fait fonctionner la chaudière. Vous voyez l'analogie. Notre cerveau est un organe qui va pouvoir se modifier dans son architecture avec une augmentation de ce qu'on va appeler l'épaisseur corticale ou la densité de substance grise. La substance grise, c'est simplement l'endroit où on va avoir des neurones. En fait, dans notre cerveau, il y a évidemment plein de régions, notamment à l'extérieur, où il y a ces fameuses cellules qu'on appelle les neurones qui vont avoir un dialogue les unes avec les autres. Mais il y a aussi beaucoup d'endroits où il n'y a pas de neurones, ce sont d'autres types de cellules, notamment les fibres de communication entre ces neurones, qu'on appelle la substance blanche. Ce sont des fibres qui permettent aux neurones de pouvoir dialoguer les uns avec les autres. Et ce qu'on voit dans le cerveau de musiciens, c'est qu'au bout de plusieurs années de pratique, mais on voit d'ailleurs ces modifications chez les enfants qui commencent même au bout de quelques mois, c'est assez rapide, eh bien on va avoir un épaississement de certaines régions en termes de densité de neurones, notamment dans les régions auditives, dans les régions motrices. Ce n'est pas surprenant parce que quand on apprend à faire la musique, on doit développer son écoute, on doit maîtriser d'un point de vue moteur son instrument de musique. Par exemple, pour les chanteurs d'opéra, on a une relation entre leur nombre d'années de pratique, d'expertise et la configuration des régions motrices qui va permettre la commande des muscles buccophagés, c'est-à-dire de la langue, les lèvres, etc. Ces chanteurs d'opéra ont une représentation des muscles buccophagés plus large que des personnes qui n'ont pas ce type de pratique. On va retrouver la même chose chez des instrumentistes. Et au-delà de ces phénomènes d'augmentation de l'épaisseur corticale, densité de substances grises, on va en trouver aussi dans des régions qui n'ont pas directement à voir avec l'écoute ou la pratique motrice, notamment dans les régions de la mémoire. Les régions qu'on appelle les hippocampes du cerveau, comme l'animal marin, ce sont des régions qui ont cette forme un peu comme les hippocampes maritimes, et qui sont des régions très importantes dans notre cerveau pour l'encodage et la récupération des informations en mémoire. Ces fameuses régions hippocampiques sont altérées très tôt dans des maladies comme la maladie d'Alzheimer. On voit chez les musiciens, là aussi, une relation entre le nombre d'années de pratique et la densité de neurones dans l'hippocampe. En conclusion, en neurosciences cognitives de la musique, les musiciens sont devenus une population d'intérêt majeur pour mieux comprendre ces effets de neuroplasticité tout au long de la vie. Faire de la musique modifie votre cerveau et va avoir un impact sur différentes régions du cerveau. Et évidemment, cet impact a aussi des répercussions sur la qualité du fonctionnement cérébral.
Alors, la musique pour soigner, la musicothérapie, je ne sais pas comment ça s'appelle scientifiquement, ça existe vraiment? Vous avez mené des expériences, Hervé Platel, autour de malades d'Alzheimer. Et donc, est-ce que la musique peut servir pour les malades d'Alzheimer?
Alors, les malades d'Alzheimer, c'est un contexte très particulier, et je vais y revenir, parce qu'il y a plein de choses à faire avec la musique, avec les patients Alzheimer. Mais déjà, au préalable, par rapport aux maladies neurologiques de manière générale, ou même aux maladies neurodéveloppementales, il y a des pratiques utilisant la musique qui existent depuis longtemps et qui ont fait la preuve de leur efficacité dans la prise en charge de différentes difficultés chez les patients, notamment les difficultés motrices des patients parkinsoniens. La maladie de Parkinson, c'est une maladie où il y a souvent des tremblements, ça va atteindre effectivement la capacité d'action volontaire au niveau moteur. Une difficulté chez les patients parkinsoniens, c'est de pouvoir initier, de continuer à avoir une marche fluide, donc de mettre un pied devant l'autre de manière fluide. Et souvent ces patients au bout d'un moment ont beaucoup de mal à démarrer en fin de compte une marche fluide. Ils marchent à petits pas, ils restent bloqués. Pour débloquer la marche, il suffit de leur faire écouter une musique un peu rythmée et de leur demander de caler leur pas sur la musique et on voit que ça fonctionne très bien. Il y a un phénomène de désinhibition motrice de la marche grâce à la musique. Alors pourquoi ça marche bien? Parce qu'on sait qu'entre les régions auditives et les régions de contrôle moteur du cerveau, il y a une connexion privilégiée. Ça fonctionne aussi par rapport au contrôle moteur de la parole,. Les orthophonistes depuis les années 1970-80 ont des méthodes où utiliser la musique, des supports rythmiques et mélodiques pour aider les patients qui, à la suite notamment d'accidents vasculaires cérébraux, vont avoir des troubles du langage où ils n'arrivent plus à répéter des mots ou des phrases. Ils sont bloqués dans la répétition des mots et des phrases alors même qu'ils comprennent le langage. Donc ce type de trouble du langage peut être rééduqué là aussi en demandant aux personnes de répéter les mots et les phrases avec un support musical, en chantant d'une certaine manière, et on sait que ça désinhibe la parole. Ce phénomène de désinhibition motrice fonctionne très bien et est utilisé aussi d'une manière différente. Dans la prise en charge de la dyslexie liée au langage, c'est-à-dire chez les enfants, le fait d'utiliser un rythme, de leur apprendre, à identifier les différentes parties du langage, soit avec du chant ou de la mélodie, aide à diminuer les troubles dyslexiques. Donc il y a plein d'exemples qui aujourd'hui ont fait preuve de leur intérêt, de leur validité et qu'on peut appeler effectivement de la musicothérapie, même si le terme est un peu ambigu parce qu'il a été utilisé historiquement dans une approche qui n'était pas une approche neurologique et neuroscientifique.
Alors maintenant, qu'est-ce qu'on peut faire dans la maladie d'Alzheimer? C'est un contexte très particulier, avec des troubles de la mémoire et une maladie pour laquelle on n'a pas du tout de médicaments, on n'arrive pas à arrêter le processus de mort neuronale. Est-ce que la musique pourrait avoir un intérêt? Elle a un intérêt en amont, c'est-à-dire avant, bien avant que les symptômes liés par exemple aux troubles de la mémoire arrivent. On sait qu'au cours du vieillissement, notre cerveau peut être moins fluide dans son fonctionnement. Et là, la musique, les activités musicales, peuvent aider à construire une forme de réserve cérébrale pour diminuer les effets délétères, c'est-à-dire négatifs du vieillissement cérébral. Et éventuellement permettre à des personnes, s'ils sont porteurs de la maladie d'Alzheimer, parce qu'on peut être porteur 30 ou 40 ans avant d'en avoir des symptômes, d'avoir un effet qui permet de reculer l'apparition des symptômes de quelques années. Alors ça, déjà, en soi, c'est important. C'est un effet de prévention on pourrait dire.
Grâce à la musique, ces patients atteints de la maladie d'Alzheimer, malgré une mémoire très défaillante, avaient encore la possibilité d'apprendre des chansons qu'ils ne connaissaient pas et de mémoriser des mélodies qu'ils n'avaient jamais entendues de leur vie. Et c'était complètement inattendu !
Mais une fois que la maladie se déclare, qu'il y a des symptômes, notamment des difficultés attentionnelles, de mémoire, etc., qu'est-ce qu'on peut faire? On peut faire pas mal de choses avec la musique. La musique c'est quelque chose qu'on va pouvoir utiliser sur deux valences, à la fois pour permettre des séances de relaxation chez les personnes en début de maladie, qui vont plutôt avoir des troubles anxieux et des troubles dépressifs, et on sait que la musique est très efficace pour relaxer les personnes, diminuer les troubles anxio-dépressifs, et ça marche très bien. Mais ce qui est intéressant, c'est que la musique peut aussi être utilisée dans une valence qui n'est pas celle de la relaxation, mais plutôt celle de la stimulation. C'est-à-dire utiliser la musique pour stimuler la mémoire, ramener effectivement à la surface de notre mémoire des souvenirs anciens, travailler sur ces souvenirs anciens et stimuler la mémoire de manière générale puisqu'on a bien vu avec nos travaux chez les musiciens ou chez des sujets non musiciens que l'écoute de la musique faisait travailler notre cerveau de manière large et faisait travailler les régions de la mémoire même quand il ne s'agit pas de mémoriser particulièrement une musique. On va donc pouvoir utiliser la musique chez les patients Alzheimer à tous les stades de la maladie, à un stade très précoce, comme à un stade avancé. À un stade avancé, ce sont des patients avec lesquels on va avoir de plus en plus de mal à interagir, à dialoguer, etc. Et dans ces cas, la musique a ce pouvoir assez fascinant, assez extraordinaire, de permettre l'éveil de ces patients. D'un seul coup, il y a une musique qui a une résonance pour eux familière, notamment parce que c'est quelque chose qu'ils connaissent depuis leur enfance. On voit qu'il y a un phénomène d'éveil. Ils se mettent à fredonner et on va pouvoir recommuniquer avec eux grâce à la musique. C'est extrêmement précieux pour maintenir une communication de bonne qualité avec ces patients. Et chose encore plus étonnante, dans nos expériences, on a montré que, contrairement à l'idée qu'on se fait de la maladie d'Alzheimer, maladie globale ou totale de la mémoire, où le cerveau n'encode plus rien de nouveau, grâce à la musique, on a pu montrer que ces patients, malgré cette mémoire très défaillante, avaient encore la possibilité de mémoriser, d'apprendre des chansons qu'ils ne connaissaient pas et d'apprendre finalement des mélodies de chansons qu'ils n'avaient jamais entendues de leur vie. Et c'était complètement inattendu !
La musique va nous sauver!
Peut-être pas mais en tout cas peut nous aider oui
La musique est très efficace pour nous aider à déstresser à des moments où on en a besoin, et aussi à booster un peu notre énergie à d'autres moments.
En tout cas, si vous vous intéressez à la maladie d'Alzheimer dans le cadre de À votre santé, le mois de la santé et de la recherche médicale en Alsace en mars 2025, il y a un ciné-débat avec la projection du film The Father avec Anthony Hopkins le vendredi 28 mars 2025 à 20h au cinéma Bel Air à Mulhouse. Le film sera suivi d'un débat avec Patrick Karcher, directeur de l'ÉREGES, Laure Pech, coordinatrice du site d'appui alsacien, et Jean Ruch, fondateur de Familles Solidaires, et puis une personne de France Alzheimer.
Alors, Hervé Platel, vous intervenez en tant que neuropsychologue le mardi 25 février 2025 à 20h à Riedisheim pour l'ouverture de À votre santé, le mois de la santé et de la recherche médicale en Alsace et dans le Grand Est, avec une conférence musicale avec le duo vocal les Dyadin. Qu'est-ce qui va se passer? Vous allez chanter?
Alors, moi je ne vais pas chanter! En fait je vais illustrer tout ce qu'on vient de se dire autour des effets de la musique, des émotions musicales, de la manière dont la musique a un impact sur notre cerveau quand on la pratique ou quand on l'écoute. Et puis ça va être ponctué d'interventions de ce superbe duo de chanteuses, les Dyadin, pour illustrer de manière musicale le contenu de ce que j'aurais évoqué, de ponctuer par des moments musicaux cette conférence qu'on peut appeler conférence musicale. Mais il vaut mieux que ce ne soit pas moi qui chante!
Vous nous démontrez que la musique, au-delà du plaisir, peut servir à la santé humaine. Est-ce que vous avez des recommandations à nous faire? On ne peut pas obliger tout le monde à écouter de la musique ni à la pratiquer, mais comment accompagner notre santé ? Avec plus de musique pour plus de santé? Est-ce que vous avez des préconisations, des idées sur ce sujet?
C'est intéressant parce que votre question ramène à la manière dont on utilise la musique dans notre quotidien. Au début de notre entretien, vous l'avez dit, la musique nous accompagne pour la très grande majorité d'entre nous tout au long de notre journée. Et quand on me posait la question : comment utiliser la musique au quotidien et notamment dans le contexte du travail, il y a évidemment des métiers où on ne peut pas écouter de la musique en même temps que l'on pratique son métier. Si, par exemple, je m'occupe de l'accueil dans une entreprise, je ne peux pas trop écouter de la musique en même temps. C'est un peu difficile pour certains métiers, mais il y a des métiers où ça peut être intéressant d'être un peu dans une bulle musicale à un certain moment, pour se rebooster ou diminuer le stress. La musique est très efficace pour ça, à la fois pour nous aider à déstresser à des moments où on en a besoin, et puis aussi à booster un peu notre énergie à d'autres moments. Et on le fait très naturellement, mais des fois, on n'est pas forcément les meilleurs placés pour choisir les bons morceaux de musique. Je m'explique.
C'est quoi la bonne musique pour réviser ses leçons avant le bac ?
On me pose souvent la question : c'est quoi la bonne musique pour réviser ses leçons quand on révise le bac ? En fait, il n'y a pas de règle parce qu'il y a des gens qui ont du mal à être attentif s'il y a de la musique, ça les déconcentre. Pour d'autres, au contraire, ça va les aider. Et là-dessus, par rapport à la musique qui peut nous aider à nous concentrer, qui peut nous aider à être plus efficaces dans nos tâches, il faut évidemment trouver la bonne musique pour nous-mêmes. La mauvaise idée serait de dire « je vais écouter la musique que je préfère », si la musique que je préfère, c'est une musique très dynamique que j'écoute quand j'aime bien faire la fête, quand je danse le samedi, ce n'est peut-être pas la meilleure musique pour faire une tâche qui nécessite d'être un peu concentré et au calme. Donc savoir choisir la bonne musique, ce n'est pas toujours aussi simple qu'on voudrait. Et puis simplement, si on veut se ressourcer avec la musique, je pense qu'il y a une seule manière de le faire. Enfin il n'y en a pas qu'une seule, mais en fait une bonne c'est en fait d'écouter la musique et de faire un voyage dans la musique en fermant les yeux et en ne faisant rien d'autre que cela. Vous serez surpris : quand on pose la question pour nos études de savoir est-ce que ça vous arrive d'écouter de la musique sans rien faire d'autre. En définitive il n'y a pas tant de personnes que ça qui écoutent de la musique sans rien faire d'autre. Donc la musique nous environne. Mais faire un voyage dans la musique, en fait, ce n'est pas si simple, parce que ça nécessite une volonté, ça nécessite un moment de calme, ça demande du temps. Et des fois, on a perdu aussi la capacité à se donner du temps pour faire un voyage dans la musique. Donc, essayer de se retrouver un peu de temps pour faire un voyage dans la musique, ça serait ma préconisation.
Une merveilleuse conclusion, Hervé Platel. Voyager dans la musique... peut-être un dernier mot pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, qui ont envie de cliquer, de lire ou d'écouter pour savoir comment la musique peut aider notre cerveau, comment le cerveau s'amuse avec la musique. Est-ce que vous avez des recommandations de lecture ?
Il y a un livre assez complet sur le sujet qui s'appelle "Musique, sciences et santé" chez l'éditeur Dunod. Il est sorti en mars 2024, il y a moins d'un an. C'est un livre avec une vingtaine de contributeurs, je fais partie de cette vingtaine de contributeurs. Qu'est-ce qu'on peut attendre de la musique pour des applications en santé.
Merci beaucoup Hervé Platel. Je rappelle que vous êtes neuropsychologue et directeur de l'unité de recherche "neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine" à l'Université de Caen d'Ormandie et que vous inaugurez le mois de la santé et de la recherche médicale "À votre santé" en Alsace et dans le Grand Est le mardi 25 février 2025 à 20h à Riedisheim.