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Le Printemps du Tango va faire danser Mulhouse

La 12ème édition du festival Le Printemps du Tango aura lieu à Mulhouse du 5 au 8 juin 2025. Une belle occasion de rencontrer l'une des fondatrices argentines de cet événement latino, Ximena Zalazar. Transcription d'un entretien audio à écouter en podcast. Réalisation par Anaëlle Mendoza le 11 avril 2025, avec la complicité de Lily Rose Locher et de Ayman Larit.





  • Nous sommes le 11 avril 2025, je suis Anaëlle de Radio WNE. Avec Ayman et Lily, nous avons le plaisir d'accueillir Ximena Zalazar, une des fondatrices du Printemps du Tango à Mulhouse, dont la douzième édition aura lieu du 5 au 8 juin 2025. Bonjour Ximena.


Bonjour Anaëlle, Lily et Ayman.


  • Est-ce que vous pouvez nous raconter votre parcours professionnel, vos études ?


Je suis danseuse, chorégraphe et enseignante. Je suis argentine et j'ai fait toute ma scolarité en Argentine puis à Cuba au niveau de la danse. De la danse classique à la base. Mais j'ai fait une formation globale, danse classique, danse contemporaine. Et je suis arrivée à Mulhouse, au Ballet de l'Opéra National du Rhin, il y a bientôt 30 ans.


  • Et quel est votre rôle dans ce projet ?


Le Printemps du Tango, c'est une histoire d'amitié, avec Nathalie Birling et Michel Ludwiczak, mes amis et co-fondateurs du festival.

On s'est rencontrés dans les milieux culturels mulhousiens, on est devenus amis et puis on s'est découvert une affinité pour la culture argentine. On a décidé de créer ce festival d'une façon très spontanée il y a déjà 13 ans. C'est comme ça que ce projet est né. Depuis on le mène tous les trois avec une équipe d'une quarantaine de bénévoles, plus des chargés de mission salariés pour la partie administrative. C'est avant tout une histoire de passion et d'amitié. C’est devenu un événement qui nous tient vraiment à cœur, porté principalement par nos énergies.


  • Et vous dansez lors de ce festival ?


Pas cette édition-là. On va donner des cours d'initiation au tango argentin. Mais ça m'est beaucoup arrivé de danser lors des éditions précédentes, de présenter aussi nos créations. Donc oui. Je suis danseuse, et la danse c'est le cœur du festival, avec la musique.



La Yegros mêle avec une maestria envoûtante les traditions musicales sud-américaines et les innovations électroniques. En concert à la Fialture samedi 7 juin à 18h. Voir www.lafilature.org/la-yegros
La Yegros mêle avec une maestria envoûtante les traditions musicales sud-américaines et les innovations électroniques. En concert à la Fialture samedi 7 juin à 18h. Voir www.lafilature.org/la-yegros

  • Et qu'est-ce que vous cherchez à transmettre de la culture argentine à travers ce festival ?


Ce qui nous passionne, c'est non seulement la culture tango, typique de Buenos Aires et de la région du Rio de la Plata, mais tout ce qui touche à la culture argentine, donc bien plus large. Ça peut être le folklore, le cinéma, la littérature, l'idée est d'ouvrir une fenêtre sur ces cultures issues de l'immigration européenne. L'Argentine est une terre d'accueil, ça l'est encore. C'est une culture qui est profondément liée à l'immigration. Et les Argentins, c'est des allers-retours entre l'Europe et l'Amérique, un pont entre les cultures. Nous privilégions la création, le tango et la culture argentine comme matière des création artistique. Une particularité du festival, c'est non seulement proposer de la musique traditionnelle, une tradition déjà établie mais aussi utiliser

le tango comme inspiration

Cela peut être la danse mélangée avec d'autres esthétiques, musique et danse improvisée, les mélanger, par exemple, cette année, avec une création de jazz, des musiciens de jazz, ou cela peut être de la danse contemporaine mixée avec les tangos traditionnels. Il peut y avoir une conférence sur la politique ou d'autres aspects, pas seulement la danse et la musique, mais aussi les arts plastiques, la photographie. On a invité des photographes, des conférenciers, des dessinateurs. Certaines éditions, il y avait des courts-métrages. On veut vraiment donner une vision qui va plus loin que la danse et la musique. Et c'est un festival qui est dédié à tous les publics. Ce ne sont pas seulement les danseurs qui vont se régaler. Il y aura bien sûr des moments de danse tous les jours, à profusion. Mais quelqu'un qui n'a jamais connu ou vu quelque chose qui touche à l'Argentine, trouvera aussi sa place comme spectateur puisqu'il va découvrir un spectacle accessible à tout le monde.


  • On trouve alors l’art sous toutes les formes.


Oui, c'était une particularité, une volonté de Nathalie, de Michel et de moi-même.


  • Comment se déroulera le festival cette année ?


Juste un petit mot avant sur les Cuarteto Bando. C'est un bon début pour présenter la programmation. Donc les Cuarteto Bando, c'est un groupe allemand. qui vient de la ville de Chemnitz, capitale européenne de la culture 2025, une ville jumelée avec Mulhouse. Mais Chemnitz est aussi la capitale du concertina, l'instrument père du bandonéon, un des instruments fondamentaux du tango. Ces artistes viennent d'Allemagne, ils sont des spécialistes du tango, ils joueront place de la Réunion à Mulhouse. Alors on commence le jeudi 5 juin au Séchoir, centre d'art contemporain à Mulhouse, avec la soirée d'ouverture. Avec deux solis, deux artistes argentins, chanteurs et bandonéonistes, Lionel Capitano et Gabriel Rivano. C'est la première fois qu'ils viennent à notre festival et même dans la région. C'est vraiment une première. Il y aura une milonga évidemment, ça se passera au Séchoir, jeudi soir. Ensuite, vendredi, il y a un programme très riche, place de la Réunion. Il y aura des bals dans différents endroits de la ville, des DJ invités, d'Allemagne, de Suisse et de la région également. Cette année, on a beaucoup d'artistes qui viennent directement d'Argentine. Parmi les orchestres et les artistes présents, il y a le duo C’est Pico Tango, deux artistes argentins, guitare et piano. Ils seront à la milonga de la Filature, samedi après-midi. Ensuite, il y aura les duos Volco et Gignoli, avec Hélène Hardouin. C'est un très beau concert de midi. C'est piano, bandonéon et chant. C'est des adaptations de chansons françaises adaptées au Bengueïsé, d'une certaine façon. Ces artistes se sont connus au festival, ils sont déjà venus à plusieurs reprises, Sébastien Volco, Pablo Gignoli et Hélène Hardouin. Et il y aura aussi le quintet d'Olivier Manoury, un mélange jazz et tango, qui va présenter une création originale. Viendra aussi La Yegros, chanteuse de cumbia, très connue en France et en Europe, samedi soir à la filature.

Ça va être la fête, ça va être le feu.

Et on a un très beau trio en clôture du festival qui va animer la milonga de dimanche. C'est Ruben Pelloni, Adrien Fioramonti et Dario Polonara, trois artistes argentins, résidents en Italie et en Espagne, qui viennent exprès au festival. Ils sont déjà venus pour d'autres occasions. Je suis très contente de présenter au spectacle de clôture dimanche, deux créations de danse, deux duos avec deux chorégraphes argentins, des exclusivités, des créations pour le festival. Et c'est très émouvant pour moi d'accueillir Margarita Fernandez, qui était ma professeure de danses quand j'étais en Argentine, c'est très important parce que c'est d'une certaine façon un cycle qui se ferme. Elle m'a connue quand j'avais 10 ans et elle me retrouve quelques années après. Elle présentera une chorégraphie créée pour le festival avec deux danseurs du Ballet Folklorique National Argentin. On verra aussi un duo chorégraphié par un des chorégraphes, qui viennent d'Argentine directement. Il y a aussi des masterclass en danse, avec deux maestros portugais cette année, Isabel Costa et Nelson Pinto, qui vont donner des cours pour des danseurs aguerris de tango.

On investit différents lieux de Mulhouse, du marché du canal couvert à la place de la Réunion, à la scène nationale de la Filature, mais avec aussi des choses qui se passent dans la rue.

On s'attache vraiment à visiter la ville de Mulhouse sous l'angle argentin, on essaye chaque fois de faire découvrir des endroits auxquels les gens ne peuvent peut-être pas accéder en temps normal. Les investir autrement. Mais allez sur le site internet du festival www.leprintempsdutango-mulhouse.fr pour découvrir toute la programmation détaillée.





  • Comment travaillez-vous comment avec ces artistes? Comment les contactez-vous, les trouvez-vous ?


Ces artistes peuvent être des personnes qu'on connaît par nos échanges. Je suis aussi artiste, donc je travaille avec certains d'entre eux. Pour d'autres, c'est des découvertes. Notre festival a 12 ans, et dans les milieux artistiques, les gens se parlent, on a énormément de candidatures, il y a beaucoup de gens qui nous proposent leur art. Donc la programmation se passe de différentes façons. C'est des affinités, c'est des partenariats de longue date. Il y a des artistes qui reviennent régulièrement, d'autres qui sont nouveaux, qu'on découvre. Certains nous font découvrir leurs amis aussi. On se déplace, on est tout le temps à l'affût. On essaie de ramener à Mulhouse des artistes qu'on ne voit pas souvent ailleurs. Et toujours de faire découvrir de nouveaux artistes, et qui, dans différents aspects, présentent des choses nouvelles.


Avant tout une histoire de passion et d'amitié.


  • Et plus personnellement, qu'est-ce qui vous plaît dans la culture argentine ?


J'ai une double culture. Fin 2025, j'aurai vécu plus de temps en France qu'en Argentine, bien que je suis très proche de mon pays d'origine où je vais régulièrement. Je dirais que la culture argentine me constitue. L'Argentine est une terre d'accueil. C'est justement ce mélange des cultures, ce mélange des personnes, ces gens qui reçoivent le cœur ouvert, qui donnent même ce qu'ils n'ont pas parfois. L'Argentine, c'est la créativité, l'inventivité, la générosité. C'est un pays magnifique. C'est l'immensité et la diversité des paysages. On passe de la haute montagne à l'océan, de la plaine aux glaciers, à la forêt. C'est sublime au niveau de la géographie. Je viens de Buenos Aires, c'est la ville à laquelle je suis attachée.





  • Et pour finir, selon vous, en quoi les cultures française et argentine sont différentes ou similaires l'une de l'autre ?


Ce sont deux cultures latines, il y a beaucoup de choses en commun, dans la diversité des cultures en France aussi. C'est un pays qui a une forte histoire, bien plus ancienne que l'Argentine. C'est quand même aujourd'hui aussi un pays d'accueil et de différentes cultures. Après, la France, je trouve que c'est aussi la raison, surtout dans nos régions un peu germaniques. Il y a peut-être moins de spontanéité que dans la culture argentine. C'est plus raisonné, ou plus intellectuel, bien que tout ça c'est un peu des généralités, parce que ça dépend, c'est toujours une histoire de personnes. La différence c'est peut-être ça, un peu plus de retenue, un peu plus de distance dans la culture française des premiers rapports. Dans la culture argentine, il y a peut-être plus d'effusions, plus de liens directs. Le protocole est peut-être plus présent en France.


  • Merci beaucoup, Xiména Salazar. Merci Ayman, merci Lily.


Merci beaucoup. Au revoir.



Ximena, Ayman et Anaëlle (de gauche à droite)
Ximena, Ayman et Anaëlle (de gauche à droite)


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