9 défaites électorales consécutives, le record à battre de Vincent Jeudy
- Jean-Luc Wertenschlag
- 23 août
- 6 min de lecture
Les journées des écologistes (JDE) à Strasbourg du 21 au 23 août 2025, c'est aussi une opportunité incroyable pour rire en politique. La preuve avec ce militant acharné qu'est Vincent Jeudy, qui tente de convertir le territoire de Belfort à l'écologie entre la droite, les socialistes, les insoumis et les autres. Balade en vélo sans quitter la buvette.
Transcription à lire ci-dessous d'une interview audio à écouter en podcast. Voir notre article avec les liens vers tous les podcasts et toutes les interviews JDE 2025 :
Les podcasts JDE ont été réalisés par Fatma Jrad, Lévi Giner et Jean-Luc Wertenschlag, pour Radio Quetsch, Nefzawa Link, Radio WNE et L'Alterpresse 68. Toutes nos productions sont à libre disposition des médias intéressés, sous licence Creative Commons CC Zero (licence libre non copyleft - auteur Radio WNE).

Rassemblement National des Ecologistes en ce 23 août 2025, c'est à Strasbourg et il y a même des francs-comtois. Qui es-tu donc ?
Bonjour, je suis Vincent Jeudy de Belfort. J'aime bien ton terme Rassemblement National des Ecologistes un brin provocateur, je te reconnais bien là, Jean-Luc.
Je pense que tu détiens le record du nombre de défaites consécutive en candidat écolo, neuf fois de suite tu as perdu, c'est ça ?
Oui, c'est ça, le loser magnifique. Je me suis présenté à toutes les élections, sauf les municipales et les présidentielles. Je compte bien avant de mourir, cocher toutes les cases. Ce serait un sacré challenge de perdre à toutes les élections.
Quel est ton secret pour réussir à perdre à chaque fois ?
C'est de garder le moral et d'en rire, d'en rire, d'en rire. C'est énorme. Ma plus grosse ânerie, c'est quand j'ai fait le pari de faire toutes les communes de la circonscription à vélo. J'étais au marché de Giromagny, j'arrive là-bas, tous les candidats aux législatives étaient là. Je dis à mon copain, je dis non, mais on va pas emmerder les gens. Il y avait neuf candidats. T'imagines ? 9 personnes qui distribuent leur tract à l'entrée du marché ? Horrible quoi !
Alors tu es allé quelque part où il n'y avait personne ?
Ben oui, c'était ça l'idée. On est allé boire un coup au café. Et puis, on est quand même retourné faire un tour au marché. Et on n'a pas pu s'empêcher d'interpeller Bruno Kern, le candidat La République En Marche. Il avait un énorme camping-car avec une grosse affiche, tu sais, comme les camions publicitaires. Je lui dis, mais Bruno, tu te rends compte, quand tu vas à Auxelle-Haut, c'est une commune où ça monte beaucoup, je t'imagine, ça doit fumer tout noir derrière. Tu parles d'écologie, mais c'est n'importe quoi ce que tu fais. Puis il me dit, ah, si comme moi, tu faisais toutes les communes de la circonscription, je voudrais bien te voir avec ton vélo. Là, tu sais que tu vas dire une connerie, mais tu la dit quand même.
Et tu dis, qu'est-ce que tu en sais que je ne vais pas faire toutes les communes de la circo avec mon vélo? Top là ! Et tu sais que tu fais une connerie, hein. Et il a topé le con. Et il y avait le candidat communiste à côté qui était mort de rire et qui dit... J'espère que vous lui payerez le champagne s'il fait ça. Et après, j'étais obligé. Je les ai toutes faites. J'en pouvais plus, mais je les ai toutes faites. Et je prenais des selfies devant les mairies. Je te jure que c'est vrai.
Tu rigoles, mais je te jure que c'est vrai. Des fois, il faisait nuit. Je n'avais plus beaucoup de temps. Je crois qu'il n'y avait plus que deux semaines. Et je me suis fait des parcours. J'avais une remorque. J'étais en vélo avec une remorque, deux affiches dessus. C'était un moment mémorable. Je m'en souviendrai toute ma vie. J'ai été pris par des orages. Je me suis arrêté à Giromagny, il y avait une fabrique de bières artisanales, La Rebelle. Et là, pris par l'orage, je me suis abrité, je rentre dans un bar, un bar qui servait de la bière traditionnelle. Des discussions à n'en plus finir. C'était des bons moments, des super moments. Voilà.

Et la prochaine élection, c'est quoi ?
Je travaille avec l'équipe de Belfort pour les municipales de mars 2026. On essaye de faire la grande union, gauche et écologistes. Si, on essaye. Rêvons, rêvons toujours. L'utopie d'aujourd'hui est la réalité de demain, disait Victor Hugo. Il faut être un peu dingo, mais il faut y croire.
Avec les socialistes et les insoumis ?
Oui, c'est un truc de dingue. Je te vois rire encore... Oui, c'est un truc de fou. Ce n'est pas gagné. Mais ce n'est pas impossible. Parce que tout le monde se parle. On verra.
Alors justement, c'est rigolo parce que LFI prépare les municipales et ils achètent des permanences dans plusieurs villes de province. Il paraît qu'à Belfort, ils ont voulu acheter un local de campagne mais la mairie RPR/UMP/LR l'a préempté pour les empêcher d'avoir un local, c'est vrai ça ?
Ah oui c'est vrai, c'est incroyable. Et maintenant je crois que c'est une onglerie ou un cabinet d'esthétique à la place. Et c'est un scandale. C'est bien parce qu'en fait, il y a des gens plutôt de droite, sans étiquette, des sans étiquette de droite, qui signaient la pétition de Florian Chauche, le militant LFI dont tu parles, ancien député. C'était son local de campagne, en plus, qu'il a voulu acheter, il voulait investir. C'était avenue Jean Jaurès, une avenue importante dans Belfort. Les commerces ferment les uns après les autres. Et Damien Meslot, le maire de droite, ne voulait pas que les insoumis s'installent. Il a tout fait pour empêcher les insoumis de militer. C'est une difficulté qui n'empêche pas de travailler. Mais c'est petit. En même temps, ça montre une certaine fébrilité.
À quoi ressemble la gauche, à Belfort ? Des jeunes motivés militants, ça existe ?
Oui, il y en a. Tu vas rire encore une fois. Il y a un groupe de jeunes socialistes qui s'est créé. Personne ne veut le croire, mais c'est vrai. Je fais de la pub pour les autres, c'est incroyable. C'est vrai, ils sont bien, ça donne de l'espoir. Et c'est des jeunes très ouverts. Léo Pracel c'est le gars qui est à l'origine de ça. Un autre s'appelle Lucas Vanitou. Et puis il y a une fille aussi, Estelle. En fait, le Parti Socialiste, c'est les jeunes qui le font revivre. À mon avis. Après, tu vas trouver des socialistes à Belfort qui vont dire « Oh, c'est pas vrai, c'est pas vrai ». Je les aime bien, ces jeunes.
Et il y a des liens politiques avec la gauche mulhousienne depuis Belfort ?
Je suis en train d'en faire un peu, là… Ah, tu dis que tu ne fais pas de politique, mais tu en fais quand même, là. Tu es comme monsieur Jourdain qui fait de la prose sans le savoir. Mais tu en fais, hein, Jean-Luc, tu en fais. C'est tellement près, Mulhouse, bien sûr.
Alors, pour terminer, sortons de la politique, mais restons à Belfort. Ville mal aimée, tout comme Mulhouse, par exemple. Les liens entre Mulhouse et Belfort sont sans doute trop faibles, il ne se passe pas assez de choses entre nos deux villes. Mais s'il fallait découvrir Belfort pour un Mulhousien, une Mulhousienne, la prendre pas la main et l'emmener dans un bar, une place, un parc, un commerce, une asso. Qu'est-ce que tu aurais envie de faire découvrir à Belfort ? Tu peux répondre qu'il faut visiter le Lion de Belfort si ça te fait plaisir !
Tu dis ça en rigolant, mais il y a une super balade à faire que je fais avec mes amis. Tu pars du château, tu vas dans les différents forts et tout. C'est une belle balade. Un lieu, il y a un très vieux
restaurant végétarien qui s'appelle le Pochon Magique, rue de Brasse. C'est un endroit que j'adore, que j'aime vraiment beaucoup. Quand il fait beau, le jardin dehors est ouvert. C'est vraiment bien. Et ça devient un tiers-lieu le soir.
Parce que c'est ouvert que le midi, le restaurant. Et le soir, ça se transforme en tiers-lieu. Ils essaient de faire vivre le soir, de faire un lieu de discussion, tu sais, café citoyen, des concerts, etc. C'est un lieu sympa. Mais j'en oublie plein, certainement.
Une dernière bêtise artistique, culturelle ou autre, à annoncer ?
Ah, j'aimerais bien t'annoncer ça. Mais comme tu le sais, Denum est mort en 2016. Et on a un documentaire. Oui, voilà, on est toujours mort. Et on avait un slogan :
Même mort, il bande encore.
C'est un slogan de Denum. Tant qu'on est mort, il peut se passer des trucs. Et puis, de toute façon, même s'il ne se passe rien, moi, j'ai l'habitude de perdre. Donc, je m'en fous.
Super. Allons voter Pochon Magique à Belfort. Un végé ouvert le midi, même pas le week-end, tellement ils sont feignasses. Et merci beaucoup, Vincent Jeudy, recordman du nombre de défaites consécutives en tant que candidat écolo. Neuf défaites consécutives. Respect.
Merci beaucoup. Longue vie à WNE.