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La nouvelle vie de Lévi

TON VOISIN CET INCONNU


Interview du mulhousien Lévi Giner pour découvrir son incroyable parcours de musicien, technicien, régisseur et bien d'autres choses... Artiste complet et nouveau directeur technique de radio WNE depuis le 1er avril 2025.


Transcription d'une interview radio réalisée le 4 avril 2025 par Louis Priem & Jean-Luc Wertenschlag. Version audio à écouter ici : https://podcast.ausha.co/wne/levi2


Écoute les musiques & découvre les vidéos de Lévi aujourd'hui :



  • Jean-Luc Wertenschlag

Bienvenue dans "Ton Voisin cet Inconnu". Nous recevons en ce 4 avril 2025 le célèbre Lévi Giner qui va nous raconter sa vie à l'occasion de son nouveau poste de directeur technique chez Radio WNE Warum Net Experience. Pour découvrir Lévi, nous avons le plaisir d'avoir un jeune animateur. Qui es-tu donc ?


  • Louis Priem

Je suis Louis Priem, en stage à la Radio WNE et aujourd'hui je vais interviewer Lévi, tout ce qu'il a pu faire au cours de sa vie. Bonjour Lévi. Présente-toi, qui es-tu ?


  • Lévi Giner

Je m'appelle Lévi Giner, je suis né le 11 septembre 1964 à Mulhouse. Je suis un mulhousien pure souche. Je suis musicien, technicien, j'ai fait de la musique assez jeune. J'ai appris la guitare à 12 ans.

J'ai fait mon premier concert à 13 ans.

J'ai bossé dans l'industrie, j'ai bossé un peu partout. J'étais à l'armée en 1985. Après j'ai fait pas mal d'intérims. Parallèlement à ça, j'ai fait beaucoup de musique et puis l'un dans l'autre, j'ai fait des plans de roadie au départ, de technicien. J'ai bossé au Noumatrouff, ce qui m'a vachement appris au niveau technique et tout. Et de fil en aiguille, j'ai monté un peu les échelons au niveau du spectacle, au niveau des techniques du spectacle. J'ai bossé à la Filature, pour Music Forever, j'ai bossé pour plein de gens. Et à un moment donné, avec Music Forever, je suis devenu régisseur à l'Olympia, entre autres. J'ai roulé ma bosse, comme on dit. J'ai fait plein de concerts. J'ai travaillé sur plein de concerts. J'ai joué dans un groupe aussi, dans les années 1990, Sombre Héros, qui a marché un petit peu. Et voilà. Maintenant, je suis vieux. J'ai 60 ans. Et c'est passé vachement vite.


  • Louis

Si j'ai bien compris, tu as commencé la guitare à 12 ans. Ce n'était pas compliqué, avec les études ? Et pourquoi la guitare ?


  • Lévi

Je n'aimais pas trop l'école. J'étais mauvais à l'école. Donc pour moi, c'était un échappatoire, j'ai accompagné des groupes de jeunes avec ma guitare, j'ai fait des chants autour des feux et tout ça, j'ai appris un peu comme ça, j'ai pris quelques cours au centre social Wagner, je me souviens bien de la prof, qui m'avait dit que j'étais un peu doué, donc j'ai bossé la guitare, et j'ai fait des groupes de rock, voilà.


  • Jean-Luc

Même si l'école n'est pas ta tasse de thé, tu as quand même

un BEP-CAP électro-mécanicien au lycée Lavoisier,

donc ça sert quand même à quelque chose de...


  • Lévi

Oui, mais dans le spectacle, l'électricité, c'est la base de tout. À la base, c'est électrique, quoi que ce soit, le son, la lumière, les instruments, bon, peut-être pas les instruments classiques, quoi que, il y a des micros, et dans les micros, c'est l'électricité qui passe. C'était une bonne base. J'étais un bon technicien pour ça aussi, je faisais tout de suite attention à l'électricité. S'il y a suffisamment de courant, ça m'a aidé, ce BEP, parce que j'avais déjà des notions que tous les techniciens n'avaient pas.




  • Jean-Luc

Et à 13 ans, tu fais ton premier concert de guitar hero. Mais pourquoi la guitare ? C'est quoi qui t'a donné envie de t'attaquer à la guitare ?


  • Lévi

Il n'y avait qu'un groupe dans ma vie quand j'avais 12 ans, c'était Deep Purple. Je me rappelle, à 10 ans, j'ai emprunté un magnéto à bande à mon frère. On a enregistré un live "Made in Japan" sur ce magnéto à bande, et avec mon copain, à 10 ans, on écoutait ça et on était déjà fous. Alors j'ai appris la guitare, donc les morceaux de Deep Purple, je les avais appris tout de suite à la guitare. Et j'ai commencé à m'équiper un peu en matériel, on a fait le premier boeuf au grenier chez mes parents, et on a joué "Smoke on the Water", le tube mythique de Deep Purple. On avait fait rager tous les voisins qui ont couru pour nous arrêter. C'était ma première expérience. Avant, je jouais dans un groupe. Pour pourvoir acheter ce matos, j'étais allé en Espagne chez mon oncle. Je suis d'origine espagnole. Mes parents sont nés à Barcelone. La famille en Espagne travaille dans les fleurs. Ils ont des boutiques de fleurs.

Mon oncle avait un champ où il faisait pousser des fleurs pour fournir ses magasins. Tout un été, je suis allé travailler au champ pour me payer ma première guitare électrique.

Ma mère a découvert qu'il fallait un ampli, qu'une guitare électrique sans ampli ça ne marchait pas, et elle m'a acheté un ampli. Et c'est là que j'ai joué avec un groupe qui s'appelait Bacchus. J'avais 13 ans et j'étais soliste du groupe. Je faisais des solos et je n'avais peur de rien, je ne doutais rien de rien, je croyais en moi, et j'ai fait des super solos paraît-il.


  • Louis

Au cours de ta vie, du coup, tu n'as pas pratiqué dans un seul groupe. Tu as changé de groupe au bout d'un moment ou pas ?


  • Lévi

Oui, oui. Le premier groupe s'appelait Bacchus. On était un peu connus. On a fait quelques concerts. Après, je crois que je suis allé à l'armée en 1985.


  • Jean-Luc

Tu étais dans un régiment de parachutistes ?


  • Lévi

Oui, chez les paras. J'étais trop gros et trop grand pour sauter, mais j'ai dû faire tout l'entraînement des paras. J'en ai chié à l'époque. Et comme je l'ai expliqué à un copain tout à l'heure, c'est qu'à 60 ans, on regrette presque l'armée. C'était une bonne période. On s'amusait bien, on était jeunes.


  • Jean-Luc

Tu as bossé aussi, dans ta jeunesse, quatre ans à l'usine Peugeot, avec l'armée au milieu.

C'était quoi le plus pénible, la Peuge ou l'armée ?


  • Lévi

La Peuge. Et en fait, après, je suis allé en vacances au Maroc. En revenant du Maroc, je n'ai plus supporté la Peuge. Et je me souviens qu'un pote m'a dit "Mais Lévi, tu aimes la musique, tu devrais bosser dans la musique, c'est ton truc, sors de Peugeot, fais autre chose de ta vie". Et je l'ai écouté, et j'ai commencé à faire le roadie, technicien. J'ai quand même des grandes connaissances de musicien et de technique, c'est-à-dire que j'étais bon pour brancher des instruments, pour être, comme on dit, backliner. Ça m'a ouvert des portes.


  • Jean-Luc

On parlait du morceau de musique qui t'a donné envie de te lancer dans une carrière de guitar hero. Deep Purple, ça te dit quelque chose, Louis ?


  • Louis

Pas du tout. Déjà, je n'écoute pas de musique. Ce n'est vraiment pas le top d'interviewer quelqu'un qui est musicien. En plus de ça, devoir connaître les noms des titres, sachant que même les musiques qui sont connues, je ne les connais pas...


  • Jean-Luc

Eh bien, comme tu ne sais rien, on va découvrir Deep Purple, Smoke and the Water.


  • Lévi

Ah ça c'est un super morceau !


  • Jean-Luc

Avec Ritchie Blackmore, le guitar hero qui a donné envie à Lévi de démarrer la 6 cordes. Vers l'âge de 12 ans, en écoutant le solo de guitare de Ritchie Blackmore, ça donne envie de faire de la musique. Incroyable hasard, 20 ou 30 ans plus tard, tu travailles avec Ritchie Blackmore à la Foire aux Vins de Colmar. Peux-tu nous raconter cette jolie anecdote ?


  • Lévi

Ouais, il n'était pas content, apparemment c'est quelqu'un de assez caractériel, de colérique, quoi.

Ritchie Blackmore n'était pas content parce qu'à la Foire aux Vins, il y a des vents qui passent sur la scène. Alors il a payé des gens pour qu'on lui lance des tomates, c'était avec le groupe Rainbow, après Deep Purple. Il a payé des gens pour qu'on lui lance des tomates pour trouver une excuse pour annuler le concert, il a reçu des tomates sur scène.


  • Jean-Luc

Une magnifique histoire à apprendre dans toutes les écoles de musique !


  • Louis

Si je regarde bien, je vois qu'à un moment on vous a proposé de devenir bassiste, mais vous avez persisté à vouloir faire de la guitare.


  • Lévi

Au début, j'étais pas tellement d'accord de faire bassiste, je voulais être guitariste, guitar hero. Une copine m'avait branché sur un groupe, elle a insisté en me disant que c'est une opportunité pour moi, que je devrais accepter. Et ce groupe, c'est les Sombre Héros. On a eu un succès d'estime, on a fait quelques petites tournées, c'était un super groupe de punk rock, assez dynamique sur scène, on a déménagé pas mal.


  • Jean-Luc

Sombre Héros, c'est les années 90 à Mulhouse, c'était LE groupe qui faisait le buzz à Mulhouse, si on arrive à retrouver une vieille cassette audio à transformer en numérique, on écoutera le groupe.


Sombre Héros à la fête de la musique (1989 ?), place de l'Europe à Mulhouse, là où on trouve un centre commercial tout rouge aujourd'hui. Photo Philippe "Filou" Didier.
Sombre Héros à la fête de la musique (1989 ?), place de l'Europe à Mulhouse, là où on trouve un centre commercial tout rouge aujourd'hui. Photo Philippe "Filou" Didier.

  • Lévi

Dominique Collin, je t'ai demandé de trouver ces cassettes. Tu fais pas ton boulot !


  • Jean-Luc

On peut parler de Dominique Collin, qui est devenu chef de la technique à la ville de Kingersheim, qui a créé les Sheds.


  • Lévi

Et les Shadoks.


  • Jean-Luc

Oui, les Shadoks, à l'époque, une asso qui a organisé des concerts parmi les premiers à Mulhouse, au Masque à Jazz notamment. Il y a Philos, alias Philippe Girard. qui est devenu enseignant. Il a fait le conservatoire, il est prof de musique.


  • Lévi

Oui, dans le sud-ouest, à Bordeaux.


  • Jean-Luc

Et il a poursuivi une carrière de musicien, d'auteur-compositeur, avec Action Packed notamment.


  • Lévi

Puis il a fait des concerts, dernièrement j'ai vu, avec un groupe de reprises, ils reprennent de la musique de film. The Prisoners !


  • Jean-Luc

Dans les Sombre Héros il y avait aussi le magnifique batteur LOL alias Laurent Bonfils. Qu'est-ce qu'il devient ?


  • Lévi

Je le vois régulièrement, il a un petit souci de santé, à part ça il va bien.


  • Jean-Luc

Cool ! Eh bien, c'est l'occasion aussi de plonger dans ta carrière de roadie backliner régisseur, puisque tu as vécu plusieurs vies, notamment celle-là. Pendant plusieurs années, tu as mené cette carrière d'intermittent du spectacle. Tu peux nous en dire un mot ? Tu as commencé par pousser des caisses ? Comment ça se passait ? Qu'est-ce que tu as vu comme concerts pendant ce boulot-là ?


  • Lévi

J'ai vu plein de groupes. J'ai bossé pour AC/DC, c'était une grosse fierté. J'ai fait un Monster of Rock dans les années 90 avec AC/DC. Il y avait trois jours de montage, c'était énorme, je n'avais jamais vu ça. C'était au stade Saint-Jacob à Bâle. Il y avait trois jours de montage et un jour de démontage. C'était un gros boulot.


  • Jean-Luc

Tu as aussi travaillé à l'Olympia ?


  • Lévi

Ah oui, ben... On revient à Ritchie Blackmore, le guitariste de Deep Purple. J'insiste un peu là-dessus. Mais il a fait un concert avec sa femme Candice. C'était les Blackmore Nights de la folk. C'est Ritchie Blackmore qui faisait la guitare folk. J'étais backliner sur ce plan-là. Et le régisseur s'est bourré la gueule. Pas bien de se bourrer la gueule à l'Olympia.


  • Jean-Luc

Non, c'est pas bien du tout.


  • Lévi

Et il s'est fait jeter. Et comme j'étais backliner, j'étais en dessous de lui, et on m'a demandé si je voulais prendre sa place, et je dis oui. Et je suis devenu régisseur ce jour-là, grâce à Ritchie Blackmore, toujours le même. Après, j'ai travaillé avec Music For Ever, comme régisseur, et j'ai fait des tournées, des tournées avec Scorpions. J'étais même dans le bus, en tour-bus, j'ai fait des concerts dans les stades, j'ai travaillé pour plein de gens.


Ritchie Blackmore montre son héros Lévi Giner à sa femme
Ritchie Blackmore montre son héros Lévi Giner à sa femme

  • Jean-Luc

Oui, on peut aussi lire dans ton CV, Chuck Berry, Canned Heat, Little Richard, Jerry Lee Lewis, Glenn Miller, Nicolas Canteloup, Anne Roumanoff, etc. Donc, il n'y a pas que l'alcool comme drogue dans le milieu du spectacle. Il y a aussi toutes les autres drogues. On va les citer parce que c'est plus rigolo.

LSD, ecstasy, cannabis, cocaïne, amphétamines, il y a même des champignons mortels comme l'amanite phalloïde.

On n'est pas là pour faire la promotion des drogues, mais juste pour expliquer. Alors toi, tu as essayé toutes ces drogues ?


  • Lévi

Oui. J'ai pris pas mal de drogues dans ma vie. Du cannabis au départ et après de plus en plus fort. J'aimais bien tout tester, à l'armée aussi. C'est là que j'ai testé les trucs les plus puissants, l'amanite phalloïde et les trucs comme ça. Mais les jeunes, il ne faut pas en prendre, ce n'est pas bien du tout. Je pense que je suis passé à côté de pas mal de choses à cause de ça. J'aurais peut-être pu être musicien professionnel. Quand j'avais 13 ans, je travaillais ma guitare comme un fou. Je faisais une heure de guitare par jour et j'avais un bon niveau. Après, la drogue m'a un peu limité. Et donc après, j'ai fait du punk rock. Là, c'est plus facile. On peut se droguer, prendre de la bière et continuer à jouer, surtout à la basse.


  • Jean-Luc

Alors notre jeune stagiaire Louis, qui ne boit pas, ne fume, ne prend pas de drogue, écoute bien. La drogue, c'est pas bien. Il ne faut surtout pas en prendre, puisque ça empêche plutôt d'avoir une vraie carrière de guitar hero professionnel, comme nous l'explique Lévi dans "Ton voisin, cet inconnu". Mais Lévi, tu as aussi mené une carrière dans les studios d'enregistrement.


  • Lévi

Comme j'ai toujours navigué autour de la musique, j'avais un magnéto quatre pistes, un magnéto à bande, je faisais des maquettes. Du coup, j'ai appris les enregistrements avec quatre pistes uniquement au départ, de fil en aiguille. J'ai appris les techniques d'enregistrement, analogiques au départ, et après, un copain, Christophe Schwob, m'a montré l'Atari, l'informatique musicale. J'ai appris à utiliser des logiciels de montage de sons et de musique aussi, je suis passé au numérique. Ça n'existait pas avant les années 90. L'informatique musicale, c'est devenu plus démocratique dans les années 90. J'ai appris ça. Et l'un dans l'autre, j'ai continué à apprendre, au Noumatrouff aussi. J'ai appris à me servir d'une table de mixage analogique. Je me suis retrouvé au studio Blue Bird à Guebwiller, au bout d'un moment, dans un studio d'enregistrement professionnel. J'ai bossé 5 ans là-bas. Après, j'ai créé un autre studio. C'était le Studio du Loup, anciennement le Studio Hérisson de Renaud Hébinger, rue Schlumberger à Mulhouse. On a fait ça en associatif. C'était pas mal.



  • Jean-Luc

Électricien, backliner, presque parachutiste, roadie, régisseur, gérant de studio d'enregistrement, musicien, tu as commencé punk rock, mais tu finis bossa nova.

Comment est-ce qu'on passe du punk rock à la bossa nova ?


  • Lévi

Ben on arrête la drogue je crois. Je travaillais avec une chanteuse, on a joué un morceau, c'est « Fais comme l'oiseau » de Michel Fugain. En faisant des recherches, j'ai remarqué qu'en fait

ce morceau était un standard brésilien de bossa nova. J'ai découvert cette musique, j'ai eu du mal à la jouer parce que le premier morceau que j'ai voulu faire, il y avait 40 accords différents, j'en connaissais deux sur les 40, et je me suis dit tiens j'ai un problème.

Alors je suis allé voir un pote, Florent Kirchmeyer, prof de guitare, guitariste assez connu à l'époque, et il m'a appris le jazz parce que la bossa nova, ça fait partie de la famille du jazz, c'est des accords enrichis, comme on dit. J'ai trouvé ça super, cette musique-là, j'ai bossé, il m'a appris les bases, j'ai bossé sur YouTube, parce que de nos jours, sur YouTube, on peut apprendre plein de trucs, on n'avait pas ça à l'époque, c'est vachement bien. Tu tapes le nom du morceau, j'étais malin, je faisais mes recherches en espagnol, je tapais le nom du morceau, Guitara, études de guitare en espagnol. Et du coup, j'avais des cours par des Brésiliens. Bon, normalement, c'est du portugais. Mais par ce biais-là, je trouvais des cours par les Brésiliens. J'ai bien appris sur YouTube à l'époque. Et j'ai bossé tout un répertoire de bossa nova. Et j'ai fait quelques concerts avec les Panama Papers. Et d'ailleurs, on a repris les répétitions. On va jouer sûrement cet été à Guebwiller. Je suis content parce que je peux faire des concerts assis aussi, parce que j'ai du mal à être debout. Je n'arrive plus à faire des concerts debout en dansant comme un fou. Quand j'avais 20 ans, maintenant j'ai 60 et j'ai du mal un peu à rester debout. Et donc, la bossa nova, je joue sur une guitare classique assis et ça me convient très bien.



  • Louis

Mais par rapport à tes débuts, quand tu as commencé à faire de la guitare entre 12 et 13 ans, c'est quoi la différence que tu as pu voir ou même ressentir quand tu as vu l'évolution ? Comparé à aujourd'hui ?


  • Lévi

Il y a une blague que j'aime bien. Vous connaissez la différence entre un musicien de jazz et un musicien de rock ? Le musicien de jazz, il joue 10 000 accords devant 3 personnes et le musicien de rock, il joue 3 accords devant 10 000 personnes.


  • Jean-Luc

Donc punk, rock, bossanova, mais aussi techno, électro. Tu as pu découvrir de nouvelles drogues grâce à la techno ?


  • Lévi

Extasy ! It's a public enemy ! C'était un morceau de Nina Hagen qui s'appelait Extasy, quoi. J'ai bien aimé ça à l'époque. Après, tu fais une grosse déprime suite à ça. Six mois après tout ça, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait et j'ai lu que ça donnait des symptômes de déprime six mois après la prise. Après, j'ai compris, ça allait mieux.


  • Jean-Luc

Tu as bossé avec Future Bass Junkies à Basel au début de la techno ?


  • Lévi

Avec LeeBen, je faisais partie de son association Versus Emotion. C'était une association qui travaillait au Noumatrouf, on faisait des soirées. J'ai travaillé dans son association et puis il m'a emmené, il travaillait avec les Suisses de Future Bass Junkies. J'ai bossé sur un énorme festival en Suisse, c'était Thunderdome. Il y avait six salles différentes et il y avait

une salle de techno extrême, Gabber, qu'on appelle ça, avec 100 000 watts de basses, ça m'avait épaté. J'étais habitué à l'époque au son fort, mais je n'arrivais pas à rentrer dans la salle, c'était trop fort.


  • Louis

Aujourd'hui, comme tu nous l'as dit, tu as 60 ans. Est-ce que tu arrives toujours à pratiquer la musique comme tu as toujours réussi à le faire avant ?


  • Lévi

À part les concerts, j'ai du mal dans les concerts, même pour y aller. Je n'arrive plus à écouter la musique trop fort. Quand les voisins mettent la musique trop fort, ça m'embête. Bon, après, j'ai fait d'autres groupes de rock. J'ai eu des soucis de santé dans les années 2010.

A l'époque, je jouais dans un groupe de reprise, Lot 49. On faisait des concerts de 6 heures. On commençait à 21h et on terminait à 3 heures du matin. On avait un répertoire de 70 morceaux. C'était terrible.

Après, j'ai joué dans un autre groupe de reprises. C'était des reprises de Bruce Springsteen, assez haut de gamme. Et on a fait des concerts super bien, des festivals. On a joué à Bâle dans les casinos. Oui, maintenant, suite à mes ennuis de santé, j'ai dû me calmer un peu.


  • Louis

Tu faisais des journées assez lourdes, mentalement, ça allait pour tenir ?


  • Lévi

Heureusement qu'il y avait la drogue pour tenir. Non, je déconne. Ouais, c'est un truc de jeune. À 60 ans, il faut faire autre chose. Quand on est que dans une petite salle à Mulhouse, ça va encore, c'est faisable. Mais tourner, faire un concert tous les jours, remonter le matériel tous les jours, il faut avoir une sacrée forme. J'ai eu des problèmes de santé, après je n'ai plus pu. Physiquement, je n'ai plus réussi. Donc après, je me suis un peu laissé aller. Je crois que Macron m'a achevé. C'est pas pour parler de politique, c'est des repères dans le temps. Mais en 2017, j'ai baissé les bras. Je me suis réveillé que récemment. Je suis allé voir des associations, Warum Net Experience, ils m'ont trouvé un mi-temps. C'est vachement bien, ça m'a remué les fesses. Et du coup, je me bouge un peu. Je faisais que de la bossa, je ne faisais pas grand-chose. Et là, je commence à me rebouger. Ça me sauve un peu la vie.



  • Louis

Et si aujourd'hui, tu avais un conseil à donner aux plus jeunes comme moi ? Par exemple, moi je connais pas du tout de musique, qu'est-ce que ça serait ?


  • Lévi

Méfiez-vous des paradis artificiels, c'est vraiment pas bien. Alors, sur le coup, c'est bien et tout, on s'éclate, mais ça ferme les portes. Vaut mieux pas le faire quoi. Je pense que j'aurais été musicien professionnel.

Je suis peut-être prétentieux mais je serais devenu musicien professionnel si je n'avais pas pris de drogues, si j'avais bossé ma guitare comme un fou, si j'avais appris toutes les gammes, le solfège, je serais certainement allé à Paris bosser dans les studios. Et je ne l'ai pas fait parce que j'ai préféré fumer des joints.


  • Jean-Luc

1er avril 2025, une nouvelle vie démarre pour notre voisin, cet inconnu Lévi Giner, pompeusement directeur technique de Radio WNE. En réalité, il s'agit de participer à une aventure sonore collective avec des podcasts. de la radio, etc. Comment tu appréhendes ce nouveau travail ?


  • Lévi

Je suis super content. C'est un peu dans le domaine de la musique, quand même. Ça reste toujours dans ce que j'aime. Sauf que les nouvelles musiques qui passent, c'est peut-être plus mon truc, mais c'est pas grave. Ça peut faire bénéficier de mon expérience à des jeunes. Et je trouve ça assez cool. C'est toujours dans le milieu de la musique. Moi, ça me convient, je suis content. Depuis que je me suis réveillé, comme on dit, ça tombe bien pour moi, c'est une bonne période. 2025, ça marche bien pour moi, je suis content.


  • Jean-Luc

Voilà, Lévi est heureux, c'est merveilleux.

C'était ton voisin, cet inconnu, avec Louis Priem à l'animation, Lévi Giner sur le grill. Merci à toutes, merci à tous, et à bientôt pour de nouvelles aventures radiophoniques.



Le fan-club de Lévi
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