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RADIO MNE DÉBARQUE SUR LA BANDE FM

Le CSA a donné son feu vert le mois dernier : la radio associative MNE (Mulhouse Net Expérience) a désormais sa fréquence bien à elle sur la bande FM locale : 107.5 MHz. Visite des locaux de la radio, installée sur le site mulhousien de Motoco, dans le bâtiment 75 du site DMC…


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Jules Roques, en compagnie des deux attachées de production de la radio, Ingrid Boudin et Mélody Claudon. MNE est installée au rez-de-chaussée du site Motoco (c’est-à-dire le bâtiment 75 du site DMC).Photo L’Alsace


Vingt ans au moins que Mulhouse attendait ça : une radio associative non commerciale et non confessionnelle, diffusée en FM. Un vieux transistor à portée de main ? Un autoradio dans la voiture ? Depuis le mois dernier, il suffit de les régler sur 107.5 MHz pour découvrir un nouvel horizon sonore : celui de Radio MNE, cantonnée à une diffusion web depuis sa création (MNE signifiant justement « Mulhouse Net Expérience »).

« Au moins, les gens ont le choix »

Bienvenue sur une antenne faite de raretés musicales (dénichées par la programmatrice Allegra Trichard et renouvelées chaque mois) et de reportages de proximité, au meilleur sens du terme. Exemple, ce mercredi 5 novembre, au cœur du site DMC de Mulhouse. Au moment où l’on pousse la porte du site Motoco (MNE y occupe une trentaine de mètres carrés, tout de suite à droite en entrant), un morceau électro s’interrompt pour laisser place à un débat, mené en français et en allemand (avec traduction simultanée, s’il vous plaît !), en direct du Parlement européen de Strasbourg. Une collaboration de MNE avec la radio berlinoise Achtung 88vier. Le thème ? Le programme d’échange Erasmus, le rôle de la nouvelle commission, tout ça, tout ça…« On avait fait la demande officielle de fréquence en mars dernier, raconte Jules Roques, cheville ouvrière de Radio MNE (et unique salarié). Dans ce genre de dossier, le CSA regarde de très près les contenus proposés, la solidité financière, mais comme on est en zone frontalière, le plus long, ça a été d’obtenir une réponse positive de la Suisse. J’ai appris la bonne nouvelle par téléphone, le 22 octobre, quand mon contact au CSA m’a appelé vers 18 h. Depuis, on n’a pas eu le temps de faire la fête… Je me suis surtout dit ‘‘Maintenant, il faut vite acheter un émetteur’’. Comme le fournisseur a accepté de ne pas être payé immédiatement, on a commencé à émettre en FM le 28 octobre, à 18 h 30 précises. Bien sûr, on n’aura jamais autant d’auditeurs que Skyrock ou NRJ, mais au moins, maintenant, les gens ont le choix. Sur la FM, l’utilisateur a juste à tourner un bouton pour choisir sa fréquence. »

Seul – petit – bémol : l’autorisation d’émettre délivrée par le CSA impose de brider la puissance de l’émetteur à 100 watts (lire également ci-dessous) ; une contrainte de toute façon insuffisante pour entamer la bonne humeur de Jules et ses complices. « On ne dit pas qu’on est les meilleurs , mais juste, qu’on est la seule radio associative non commerciale – et ça, c’est une chance d’en avoir une dans notre ville. Ce qui est délicat, c’est de donner une ‘‘couleur’’ à l’antenne. Côté musique, globalement, il n’y a que du neuf, des choses entendues nulle part : de l’électro, de la musique orientale, du rock psychédélique turque, de tout, quoi… Et de temps en temps, on s’amuse au contraire à passer des trucs ‘‘old school’’, comme du rap des années 1990. Dans l’ensemble, ça reste assez désinvolte. Le ton est très libre, on s’affranchit des formats tout faits… Sur notre antenne, au moins, on entend de vrais gens, qui ont une passion à partager et qui le font comme ils le sentent. Si vous voulez suivre l’actualité du monde associatif local, c’est ici ! On est constamment sur le terrain et on va encore amplifier cet aspect de l’antenne, en multipliant les directs d’un peu partout. On est la radio des Mulhousiens, quoi. »

« Ça reste assez désinvolte »

Des Mulhousiens qui, pour la plupart, ignorent encore l’arrivée de cette petite nouvelle… Et pourtant, la notoriété conférée par la bande FM se fait déjà sentir : « On reçoit des mails qu’on aurait jamais eus avant, du genre ‘‘C’est quoi, le morceau que vous avez diffusé hier à 10 h 30 ?’’. Ça, sur le net, ça ne peut pas exister ! J’y réponds à chaque fois aussi vite que possible. Ceci dit, en ce moment, on travaille surtout d’arrache-pied à notre grille des programmes du matin. D’ailleurs, les gens qui ont envie de proposer des idées peuvent le faire via un formulaire consultable sur notre site web  radiomne.com/proposer-emission. Pour le reste, on ne va pas tout bouleverser. Il s’agit juste de réduire les tranches horaires où ne passe que de la musique : l’avantage unique de la radio face aux géants de streaming, c’est qu’un gars, derrière le micro, vient te raconter une histoire liée au morceau sélectionné. Et puis, jamais Youtube, Deezer ou Spotify ne te parleront de l’artiste du coin, eux. » La proximité, encore et toujours… ÉCOUTER Radio MNE, sur la bande FM de l’agglomération mulhousienne : 107.5 MHz.

 

Une zone de diffusion encore restreinte

Envie de jeter une oreille aux émissions de Radio MNE en FM ? C’est simple… À condition de se trouver à Mulhouse ou dans sa proche banlieue. La fréquence est connue (107.5 MHz), mais l’émetteur ne porte guère au-delà de 20 km à la ronde. Quelques zones d’ombre

Pour l’instant, la puissance de l’émetteur est en effet bridée à 100 watts, mais les responsables de la radio ne désespèrent pas d’être à l’avenir autorisés à émettre à pleine puissance (300 watts). En attendant, les « zones d’ombre » sont nombreuses. On citera le cas de la commune de Hochstatt, encaissée, ou encore de cette longue percée rectiligne orientée nord-ouest/sud-est, au nord de Lutterbach. À l’inverse, avec un peu de chance, Radio MNE peut être captée sur les hauteurs de Zillisheim (au sud), à Pfaffenheim (au nord)… Et même dans quelques communes allemandes du massif de la Forêt-Noire, comme Badenweiler.

Pour en avoir le cœur net, il suffit de parcourir la carte consultable à l’adresse web suivante : radiomne.com/couverture-fm. Et si jamais l’écoute en FM est vraiment impossible dans l’endroit envisagé… Il reste toujours l’écoute internet. À 192 kbps de débit, on a déjà connu pire en matière de streaming audio.


En vert, les zones où Radio MNE doit pouvoir être captée sans problème. En jaune, les zones où l’on peut quand même tenter sa chance… DR

En vert, les zones où Radio MNE doit pouvoir être captée sans problème. En jaune, les zones où l’on peut quand même tenter sa chance… DR


 

Le succès du financement collaboratif

L’autorisation d’émettre en bande FM octroyée par la CSA est une chose (disons, un préalable obligatoire), mais la faculté concrète de le faire en est une autre. Pour cela, il faut du matériel – et pas du genre donné : l’émetteur proprement dit (un modèle de 300 watts dans le cas qui nous occupe), plus un dipôle (c’est-à-dire une antenne) monté sur un mât et prolongé par un câble coaxial connecté à l’émetteur, plus encore un codeur RDS et un appareil de traitement du son.

Coût total, au bas mot : 3000 € TTC – d’où l’appel aux dons récemment lancé par Radio MNE via le portail Ulule (premier site web de financement participatif européen).

La collecte a pris fin samedi dernier, avec succès : 3190 € ont été récoltés via Ulule, ce qui représente 106 % de l’objectif initial…. Même si le coût final a légèrement dépassé les 4000 €.

(article d’Emmanuel Delahaye paru dans L’Alsace le 8 novembre 2014 – www.lalsace.fr)


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